Une française sourde au pays du soleil levant

Morceau d'hublot d'avion avec un horizon donnant sur un ciel bleu et les nuages blancs

Voilà 10 jours que je suis rentrée du Japon, de Tokyo. Le pays du soleil levant. Il y a tellement à dire que je ne sais pas par où commencer. Je sais que je veux déjà y retourner. (vous êtes prévenus !) 

Quel exercice difficile. Il s’est passé tellement de choses en si peu de temps, que j’ai du mal à commencer et je ne sais pas par où, ni quoi vous raconter. Et en même temps, j’ai envie de garder certaines choses pour moi. 

Choix difficile ce soir, j’ai commencé à écrire mais, peut être un condensé de billets de blog sur plusieurs thématiques. À l’instant T, je ne rêve que de reprendre un billet pour repartir et y séjourner pour écrire tout ce que je voudrais. Peut être que je ferai ça un jour. Une sorte de retraite spirituelle, mentale et physique. Drôle d’idée, je ne sais pas. 

De toute façon, la vie est pleine de surprises. 

J’avais réservé les billets, sur un coup de tête, l’an dernier pendant ma convalescence. En dehors de mon compte en banque, j’ai eu énormément de mal à me projeter sur ce voyage. La dépression et le quotidien avaient pris le dessus.

J’ai commencé à réaliser peut être 24h avant le décollage et encore ! Je savais que j’avais les passeports de ma petite famille, c’était l’essentiel. Le reste n’avait pas trop d’importance à part le fromage pour nos amis ! Je n’ai bouclé ma valise que la veille, si ça peut vous permettre de situer l’état d’esprit dans lequel j’étais. 

Cette fois-ci, j’allais vers une destination où le port du masque est très fréquent. Une destination dont je ne parlais pas la langue : le japonais. À part, bonjour, merci beaucoup et au revoir, je ne sais rien dire d’autre. Ça n’allait pas changer grand chose pour moi puisque je ne comprendrai pas plus qu’en France (quand le masque était obligatoire partout).

Il faut dire que nous avions un vol de 13h et un autre de 3h sans compter le temps d’escale et les formalités d’embarquement / débarquement. J’ai eu le temps de réaliser. Les larmes de joie ont coulé au décollage, j’ai réalisé à ce moment-là mais aussi à l’arrivée, des larmes de joie parce que j’ai rencontré quelqu’un avec qui j’échangeais depuis très longtemps via internet ainsi que sa famille.

Je ne connaissais rien du Japon. Je n’avais vu quelques vidéos sur les réseaux sociaux mais je n’ai pas acheté de guide, ni fait de recherches. Je préfère voyager au fil du temps, découvrir les choses au fur et à mesure. La découverte est d’autant plus riche je trouve. 

J’aime bien partir à l’aventure, sans rien savoir et découvrir les choses sur place. C’est un moyen pour moi de m’immerger directement dans la culture du pays, sans avoir à réfléchir, je fais beaucoup par mimétisme. Je regarde et je fais pareil.

Toyko est une mégalopole peuplée de 37 274 000 d’habitants. Bizarrement, ce n’est pas le sentiment que j’ai eu. Tokyo fait presque la moitié de la population française. 

Je n’ai pas eu un sentiment d’étouffement, de stress. J’ai trouvé que c’était plutôt ordonné, calme, sécurisé et propre. 

Rien n’est comparable. Très construit de ce que j’ai pu voir de la Tokyo Skytree qui offre une vue à 435 mètres (la tour en fait 634 mètres en faisant d’elle la deuxième plus haute structure autoportante du monde)

Évidemment, quand on est tout en haut, il ne faut déjà pas avoir le vertige si on regarde en bas. J’ai eu l’impression d’être une géante qui regarde les fourmis. Les véhicules n’étaient pas plus gros que mon petit doigt, les gens plus petits que je le pensais.

Au programme sur les prochains billets, je vous raconterai le voyage, les découvertes culinaires, le contact avec les personnes, la vision du handicap à Tokyo entre autres.
Si vous avez des questions, des préférences sur les différentes thématiques citées ci-dessus, n’hésitez pas à participer en commentaire ! 

Aie, mon oreille !

Sophie, bébé joufflu à un an dans une robe avec un sourire aux lèvres. Les mains sur un tronc d'arbre pour se tenir en équilibre. La photo est un peu passée en couleurs.

Aujourd’hui, est la journée nationale de l’audition en France – JNA 2023. La thématique est « Petites oreilles, grands risques ». Protégeons l’ouïe de nos enfants !

Quand je lis ça, tout de suite je pense à mon fils. Étant concernée par la surdité, je savais qu’il fallait protéger ses oreilles du mieux que je pouvais. Ce que j’ai fait jusqu’à l’adolescence et là … tout est parti en sucette.

Qui dit ado, qui dit « je fais ce que je veux » (et donc avec ses oreilles aussi !)

Je continue à le sensibiliser à ce sujet ainsi que les personnes qui nous entourent :

  • Tu as un concert, ok, mais tu mets des boules quiès pour atténuer le bruit et protéger ton ouïe. (oui, maman un jour, maman pénible toujours)
  • Tu veux un casque, ok, mais pas n’importe lequel (maman un jour, maman geek au top)
  • Tu as une gêne dans l’oreille, ok, mais direction l’orl pour vérifier que tout va bien (maman un jour, maman poule toujours)

Et quand je répète plusieurs fois ce que je dis, je sais que ce n’est pas un problème d’audition mais un problème d’adolescence sinon ça serait parcours orl, audioprothésiste et orthophoniste !

Je vous invite à en faire autant avec vos enfants, adolescents, proches, n’hésitez pas à consulter un professionnel de l’ouïe. La technologie a tellement bien évolué que ça ne se voit plus ou presque !

N’hésitez pas à consulter la page : Journée de l’audition 2023 sur Mon parcours handicap

Tu m’aimes un peu, beaucoup, à la folie … 

Sophie qui chante avec un brocoli dans la main

De nombreux podcasts ne sont pas accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Je demande régulièrement si tel ou tel podcast est accessible. 

La réponse est souvent invariable : « non ».
Quelle frustration de ne pas pouvoir accéder à ce contenu qui a un pouvoir de diffusion si important de nos jours, 
Quelle frustration de lire « non, ce n’est pas accessible », 
Quelle frustration de lire « non, je n’ai pas les moyens financiers de le faire » 
Quelle frustration de lire « non, je n’ai pas le temps » 
Quelle frustration de lire « non, c’est trop chronophage » 

Vous l’aurez compris, je n’aime pas ces réponses. Elles me renvoient mon handicap en pleine face. Mon handicap fait partie de moi, ce n’est certes pas ce qui me définit en premier, c’est certain et heureusement !

Si je vous disais que c’est une partie de plaisir pour moi de trouver des solutions pour contourner tous ces blocages, je vous mentirais. En fait, ce que j’aime c’est communiquer, partager et apprendre. 

Mon conjoint qui m’aime un peu, beaucoup, à la folie même. Il ne peut pas tout faire à votre place. 

Comme je vous aime un peu, beaucoup et à la folie… J’ai trouvé une application que je trouve bien et que je partage avec vous le retour utilisateur que j’en ai fait. 

Elle est gratuite. Elle existe pour mac (https://goodsnooze.gumroad.com/l/macwhisper) mais aussi en open-source (https://github.com/openai/whisper).

Elle est bluffante dans le sens où elle utilise OpenAI. Il faut télécharger le fichier audio, elle transcrit dans la minute, non, dans la seconde dès qu’elle commence à analyser le contenu audio !

Elle se débrouille bien je trouve à partir du moment où le contenu audio est de bonne qualité. Après, il faut toutefois quand même effectuer une passe, car les acronymes, les noms propres, c’est pas encore ça.

Je sollicite ma suppléance mentale quand je suis toute seule, je répète à voix haute les noms qui sont retranscrits phonétiquement et j’arrive à comprendre à peu près le contenu. Vous allez me dire : « bah c’est bon, pas besoin de faire le taf », oui mais, ça me gâche ce petit plaisir de le découvrir sereinement comme tout le monde.

Donc, si vous m’aimez un peu, beaucoup, à la folie, transcrivez vos podcasts. ❤️

Allez, joyeuse saint-valentin !

4 février, journée mondiale du cancer

Slide projetée à l'écran avec la photo de François à gauche et le logo de l'association à droite (AFG), David Rousseff, ancien président de l'association, ouvre la séance de l'assemblée générale avec en premier plan les membres qui applaudissent en levant les bras et secouant les mains pour dire bravo.

J’ai perdu plusieurs proches d’un cancer.

Il y a quelques années, j’avais dépanné l’association François Giraud sur leur site internet. C’était une façon pour moi de les soutenir même si j’aurais voulu en faire plus et je n’ai pas pu.

C’est une association qui a été créée en hommage à François Giraud, décédé d’un cancer en 2013. François avait médiatisé sa maladie, mais surtout mis en avant la difficulté de la prise en change en tant que patient sourd.

C’est une association qui a pour objectifs de :

  • promouvoir le droit à l’information médicale sur le cancer en langue des signes française (LSF),
  • améliorer l’accessibilité des informations médicales en LSF,
  • sensibiliser à la prise en charge spécifique des patients sourds en cancérologie
  • et enfin, organiser des actions de soutien et d’accompagnement du patient atteint d’un cancer et de ses proches.

J’ai donc été à l’assemblée générale aujourd’hui, j’ai même adhéré pour les soutenir.

Ce soir, je fais ce billet parce que je me rends compte que c’est encore un nouveau sujet qui n’est pas assez connu de tous et toutes. N’hésitez pas à adhérer à cette association pour la soutenir, pour qu’elle puisse encore continuer à faire son travail. Cette association effectue un énorme travail de terrain. Et vraiment, je leur dis bravo pour cette motivation, ténacité à ne pas lâcher les choses.

J’ai été ravie de revoir quelques visages que j’avais perdus de vue.

Encore un sujet à aborder : l’accessibilité des soins, l’accessibilité de l’information médicale par les personnes sourdes est un sujet important, ça commence à ne plus être un tabou mais le chemin reste long. 

Ne m’oubliez pas !

Mes baskets bleues vues de haut avec un anneau où on attache les bateaux

Je veux avancer avec vous, lui, elle, et toi.  

Le numérique est en train de prendre un virage avec le RGPD, l’éco-conception.

De nouveaux sujets apparaissent, de nombreuses personnes s’en emparent, se les approprient.

Aujourd’hui, le RGPD et l’éco-conception ont le vent en poupe. 

Et c’est tant mieux, si on peut respecter la donnée personnelle, essayer de protéger la planète puisqu’il n’y a pas de plan B. 

Savez-vous que je suis tout autant concernée que vous ? 

J’aimerais moi aussi, apprendre, m’informer pour faire ma petite part tout simplement. Comme tout le monde. 

Savez-vous que les outils que vous mettez en place pour respecter le RGPD ne sont pas forcément tous accessibles ? 

Pensez-vous que pour faire de l’éco-conception responsable, il ne faut pas oublier les personnes en situation de handicap ? 

Utilisez-vous que les outils de communication vidéos, audios que vous utilisez pour répandre la bonne parole ne sont pas accessibles ? 

Étonnant ? Surprenant ?  

Savez-vous que l’écrit reste un moyen sûr de communiquer, sans oublier l’accessibilité de ce dernier à un panel beaucoup plus large de personnes, sans oublier le SEO de votre contenu (parce qu’oui, on ne va pas se cacher, le SEO va être amélioré par conséquent forcément)


Dans ce virage numérique, n’oubliez pas l’accessibilité !  

Les personnes aveugles, malvoyantes, n’accèdent pas forcément à votre gestion de cookies pour respecter le RGPD,

Les personnes sourdes et malentendantes n’accèdent pas à vos podcasts, vidéos, webinaires, formations, …
Et … Savez-vous que à cause de ces nouveaux sujets, vous laissez des personnes au bord de la route ?

C’est bête quand même. 

Internet était censé être un lieu universel. Je cite Sir Tim Berners-Lee, fondateur du W3C et inventeur du World Wide Web, l’accessibilité consiste à :

mettre le Web et ses services, à la disposition de tous les individus, quel que soit leur matériel ou logiciel, leur infrastructure réseau, leur langue maternelle, leur culture, leur localisation géographique, ou leurs aptitudes physiques ou mentales

Sir Tim Berners-Lee

Je constate tous les jours, en 2023, que l’accessibilité n’est pas encore connue des équipes (chef de produit, chef de service, développeur, intégrateur, designer ui-ux, graphiste, auteur, etc.) qui mettent en place des outils numériques. 

Je m’aperçois qu’en 2020, je m’adressais aux développeurs sur ce tweet : « Tout développeur qui est sur les Internets, devrait avoir au moins rencontré une personne handicapée pour éviter de coder comme une bouse et avoir conscience de l’impact de son travail sur les autres. ». Mais en fait, je devrais m’adresser à l’ensemble des personnes qui produisent du numérique. 

Il y a ces nouveaux sujets, le rgpd, l’éco-conception, ne laissez pas l’accessibilité … ne m’oubliez pas !

Si vous voulez qu’on échange sur le sujet, c’est avec plaisir ! 

Comment atteindre le sommet …

Grenouille verte immergée dans une eau recouverte d'herbes aquatiques. On ne la perçoit pas bien, elle est de la même couleur.

J’ai la chance de travailler dans la même équipe que Sélim. Nous avons de nombreux points communs. Un jour, il a partagé ce joli conte d’une grenouille sourde. Ce conte est tout à fait ce que je vais raconter ensuite.

L’histoire de la grenouille qui était sourde

Une bande de grenouilles décida d’organiser une course. L’enjeu était d’être la première à arriver tout en haut d’une très grande tour.

Dès que la nouvelle de la course se répandit dans le village, des tas de grenouilles curieuses se rassemblèrent pour voir et soutenir les concurrentes.

Pleines de courage et de motivation, les candidates se placèrent sur la ligne de départ et commencèrent à grimper.

Mais très vite, les villageoises se mirent à faire des commentaires désobligeants : “Elles n’y arriveront jamais !”, “Elles sont bien trop lentes !”

Au bout de quelques minutes, certaines grimpeuses se sentirent démotivées et quittèrent la course. D’autres succombèrent à la fatigue et préférèrent s’asseoir pour regarder celles qui continuaient.

Les commentaires des villageoises reprirent de plus belle : “Pour qui se prennent-elles, si c’était possible, nous l’aurions déjà fait !” dirent certaines. “On n’a jamais vu pareille sottise, les grenouilles ne sont pas faites pour grimper !” dirent d’autres.

Les petites concurrentes malgré leur courage, commencèrent à mesurer les difficultés de leur projet. Elles quittèrent la course l’une après l’autre.

Toutes. Sauf une.

Elle grimpait lentement, sans relâche, tandis qu’autour d’elle les commentaires se faisaient de plus en plus insistants : « Descends, tu n’y arriveras jamais ! ». « Ce que tu es ridicule ! ».

Pourtant, inlassablement, la petite grenouille continua à avancer.

Après un énorme effort, elle finit par gagner le sommet. Toutes se précipitèrent autour d’elle pour savoir comment elle avait fait pour réaliser ce que personne au monde n’avait encore jamais fait. L’une d’entre elles s’approcha pour lui demander sa recette.

C’est alors qu’elle découvrit que la petite championne était sourde…         

 Auteur inconnu

Depuis deux mois, je prends soin de moi, j’essaie de faire attention à mes limites. J’ai modifié mon quotidien de façon ça pouvoir sortir vraiment de mon épisode dépressif. Sourire, faire comme si tout allait bien, c’est facile à faire.

Ce qui est moins facile, c’est de ne pas écouter cette petite voix négative qui est au fond de moi. Depuis quelques temps, je prends à nouveau du plaisir à faire des choses créatives, l’écriture en fait partie, sans oublier les loisirs du fil (tricot, couture, etc).

J’apprends à m’écouter, à me faire confiance, ne plus tenir compte de l’avis des autres. Sortir de sa zone de confort est aussi un moyen d’accomplir ses souhaits et ses rêves. Je crois que personne n’aime ça même si certaines personnes ont plus de facilités que d’autres à le faire. Chaque action que je fais, je me rends compte que finalement c’était pas si terrible que ça ! J’y travaille, petit pas par petit pas.

Petite anecdote : les grenouilles font aussi partie de mon enfance que je passais tous les étés dans les marais vendéens. Nous les pêchions avec mon cousin pour les regarder de plus près pour les relâcher ensuite. Ce coassement que j’ai pu entendre avec mes appareils, je n’ai pas eu la chance de pouvoir entendre avec mes implants cochléaires car elles se sont raréfiées depuis.

Morale de l’histoire : écoutons-nous et soyons sourds aux propos négatifs et destructeurs !

En visio : grand moment de solitude

Texte blanc sur fond noir : "Is it the same or not? If we decide not to go on talking"

J’ouvre mes mails, je vois une invitation à une réunion en visio de dernière minute. Mon cerveau se met à tourner à 200 à l’heure. Que fais-je ? J’y vais, j’y vais pas, je prends une aide technique, je prends tel outil pour m’aider, j’y vais comme ça, est-ce que j’appelle mon correspondant ? 1000 questions dans la tête en une fraction de seconde.

C’est la vie d’une personne sourde qui peut potentiellement assister à une visio.

Je décide malgré tout d’y aller comme ça, sans aide technique en me disant que j’allais compter sur le sous-titrage de ce logiciel qui supporte la réunion. Teams. Teams, l’outil de réunion en ligne de Microsoft. Très bien. On pourrait penser que tout est parfait.

Je me connecte, plein d’interlocuteurs et interlocutrices représentées par leurs initiales. Aucune caméra activée. Premier moment de solitude. Mon désarroi ne se voit pas puisque j’ai coupé aussi ma caméra, inutile de me faire remarquer dans ces moments-là.

Je branche mes implants cochléaires sur mon micro qui va me permettre de les entendre. J’entends, je saisis quelques bribes, mais mon cerveau me dit : « Attends Sophie, ta charge cognitive elle augmente dangereusement là, fais attention ! »

Je décide d’activer les sous-titres de Teams, pour voir ce que ca va donner, avec un petit espoir au fond de moi qui espère pouvoir quand même suivre cette réunion.

Nouveau grand moment de solitude : les sous-titres sont en anglais. Oui. Les interlocuteurs parlent en français, mais le logiciel s’il n’est pas paramétré, il est par défaut sur la version anglaise. Et donc … Impossible de comprendre !

Une reconnaissance vocale programmée sur de l’anglais qui tente de comprendre du français, ca donne du charabia. Et ça, personne n’y pense.

Chers interlocuteurs, interlocutrices, si vous vous exprimez en français sur vos visios, pensez à paramétrer dans les paramètres de langage, la langue par défaut : le français.

Oui, j’aurais pu utiliser mon aide technique qui m’accompagne tous les jours, mais j’étais un peu bloquée matériellement, et oui, j’aurais pu utiliser la dictée d’un autre logiciel mais ca implique de laisser mon micro d’ordinateur en haut-parleur alors que j’ai besoin d’avoir le son directement dans mes oreilles.

En espérant ne plus avoir ces moments de solitude si désagréables…

Moment suspendu

Vue de Pralognan de nuit après une heure de marche en raquettes à la nuit tombée

Je viens de sortir de chez moi. Il est 7h35, je suis contente, j’ai tenu ma décision ce matin. Hier, je n’avais pas réussi, l’inertie s’était emparée de mon corps, la seule chose qui marchait étaient les larmes. C’était un jour profondément sans. Parfois, reculer pour mieux sauter, ça marche.

Dehors il fait nuit noire.

On dirait que les mers qui étaient déchaînées et noires hier se sont calmées.

Je marche vers la gare, je lève la tête, je vois le croissant de lune. Il brille de mille feux comme si on avait pointé l’éclairage sur lui.

Blanche comme neige dans cette nuit noire.

Je continue à marcher, le goût du café fraîchement avalé dans la bouche. Le nez qui commence à être engourdi par le froid. Quelques picotements apparaissent. Je renifle, je me moucherai à la gare. En attendant je marche, la tête dans mes pensées, enregistrer tout ce que je vois, ce que j’entends et sens.

J’entends quelques oiseaux pépier, ça y est, ils se réveillent alors que le soleil n’est pas encore levé. Ils me surprennent. Les pépiements, c’est vraiment quelque chose que je n’aurais jamais imaginé entendre et surtout, je pensais que c’était par période et non pas tout le temps. C’est je crois une de mes plus belles victoires depuis mes implants cochléaires.

Je continue à marcher, mes baskets claquent quand je marche, la rue est droite, dépeuplée des enfants qui y passent aux heures de pointe. Les voitures brillent. On dirait qu’une fée paillette est passée cette nuit. Non, c’est tout simplement le givre qui se révèle sous les lampadaires. J’aime croire que ces voitures ont des paillettes… ça rend les choses plus poétiques.

J’avance, le silence est présent dans la rue à part les pépiements d’oiseaux. Je vois le bus au bout de la rue qui passe et j’entends son moteur vombrir. C’est fou comment on peut entendre plein de détails… dans ces moments calmes.

J’arrive au bout de la rue, je regarde le sol pour ne pas tomber, j’entends un roulis de train qui passe sur le pont pas très loin de là où je suis… le rer vient de partir de la gare. Les lumières du train clignotent dans la noirceur de la nuit. Elles éclairent les alentours par leur puissance dans la nuit. C’est n’est pas grave, j’aurai le prochain. Je suis à l’heure.

J’entre dans la gare. Elle est éclairée. Tout est calme. On n’entend que le bruit métallique du tourniquet qui tourne à chaque passage.

Je monte sur le quai. Je me mouche. Je mets mon masque ffp2. Je suis prête. Le train peut arriver.

Bonne journée !

Rendre un podcast accessible aux sourds

Jacques Villeret dans la Soupe aux choux

Les podcasts ont la côte ces derniers mois, tout le monde s’y met. Si on regarde d’un point de vue général, c’est un format pratique, je le comprends, je peux le charger avant de partir de chez moi et l’écouter sur mon trajet de transport, pendant que je fais une course à pied ou encore pendant la préparation du repas du soir, etc… 

Pourquoi écouter des podcasts si t’es sourde ? 

Avez-vous imaginé comment je pouvais m’approprier ce nouveau média ? Impossible pour moi de l’écouter sans avoir un texte sous les yeux.

Dans le cadre de ma rééducation sonore je peux faire cet effort mental de relier le son que j’entends et le texte que je lis. Je ne le fais pas assez souvent car c’est assez énergivore.

J’ai cherché des podcasts où ça ne parlait pas trop vite, le son n’est pas trop parasité par la musique ou trop mauvais, un sujet qui peut être intéressant. Il me faudrait des podcasts très courts et retranscrits pour commencer. C’est un moyen de faire de la rééducation auditive et sonore de façon sympa quand on a des implants cochléaires. J’en ai trouvé quelques uns que je vous partagerai sur un autre billet. 

Et, enfin, avoir accès à l’information comme tout le monde sans avoir à faire des efforts pour comprendre. 

Les formats 

On a la radio qui est un format audio diffusé en direct, autant dire que je n’ai jamais vu jusqu’à aujourd’hui d’émission radio qui diffuse des sous-titres ou un texte en direct. Si ça existe, partagez le lien ! 🙂

Le podcast est un format audio pré-enregistré ou un replay de la radio en direct. 

Et dans ce que je connaissais jusqu’à aujourd’hui, je me suis rendue compte. Il y a trois styles :  

  • Le podcast 
  • Le podcast sous-titré sur une plate-forme vidéo
  • Le podcast retranscrit à l’arrache

J’ai fait l’expérience avec trois podcasts, mais les styles sont bien plus nombreux que je pourrai éventuellement détailler dans un autre billet.

Premier exemple : le podcast 

Il n’était pas accessible, j’ai cherché un moyen rapide de retranscrire le son sans rien demander à personne. La dictée. Oui, la dictée.
J’ai trouvé ça fastidieux et long. Un podcast de 50 minutes, il faut lancer son ordinateur et attendre que la transcription se fasse en temps réel. 
J’avais 2 options, la première étant de lire au fur et à mesure, la seconde attendre et lire la retranscription.

Si je compare avec une personne qui entend, j’ai perdu 50 minutes de mon temps à avoir la transcription bloquée derrière ma machine alors que mes copines par exemples auront pu faire autre chose en même temps, du style tricoter !

Second exemple : le podcast sous-titré sur une plate-forme vidéo

C’est un podcast « sous-titré » sur une plate-forme vidéo. Le sous-titre est incrusté sur une image figée tout le long de la durée. Il n’y a pas moyen de modifier le format du sous-titre puisqu’il est « imprimé » directement sur l’image.

Certains podcasts demandent à ce qu’on reste derrière l’écran durant la durée. Regarder mon écran d’accord, ça c’est possible.
Une même image pendant 10, 15, 20 minutes avec seulement des sous-titres incrustés en plus ? 

Si je prends ce format, je peux pas faire une course à pied et regarder ce podcast sous-titré. Imaginez le nombre de poteaux sur mon trajet que je me prendrais ! C’est à mon sens, contre-productif.

Troisième exemple : le podcast retranscrit à l’arrache 

C’est un podcast qui a une transcription textuelle de son contenu audio.

Il y a un pré-requis pour que l’accès à l’information soit équitable pour toutes et tous : diffuser le support audio et écrit sur la même interface, sinon ça n’a pas de sens.
Devoir chercher une transcription placée sur un site sans que son lien soit diffusé sur les différentes plates-formes de podcasts … et inversement, trouver un podcast mais ne pas savoir s’il y a une transcription quelque part.

Ou encore trouver un podcast avec un texte de 3 kilomètres dans la description du podcast, ce n’est pas une solution idéale ! On ne sait pas si c’est un contenu intégral, synthétique. 

Et le RGAA dans tout ça ?

RGAA veut dire Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité, il est appliqué en France. C’est une méthode technique qui permet de vérifier qu’un contenu web est conforme. (j’ai simplifié au max pour perdre personne)

La méthode technique du RGAA permet de vérifier que tout contenu HTML est conforme aux 50 critères de succès des niveaux A et AA de la norme internationale WCAG 2.1 qui ont été retenus dans la norme européenne de référence pour établir le niveau d’exigence légale en matière d’accessibilité numérique.

https://accessibilite.numerique.gouv.fr/

En faisant cet effort de transcrire le contenu de votre podcast, vous cochez les cases des critères suivants (attention, il y en a d’autres pour d’autres cas de figure) :

  • Critère 4.1 – Chaque média temporel pré-enregistré a-t-il, si nécessaire, une transcription textuelle ou une audiodescription (hors cas particuliers) ?
  • Critère 4.2 – Pour chaque média temporel pré-enregistré ayant une transcription textuelle ou une audiodescription synchronisée, celles-ci sont-elles pertinentes (hors cas particuliers) ? 

En résumé

Ma préférence va à la transcription du podcast.
Avec cette technique, je peux choisir d’accéder à ces podcasts à n’importe quel moment dans ma journée sans dépendre de la technologie et de personne.

La transcription doit avoir les éléments suivants et diffusée sur le support audio : 

  • Titre du podcast et de l’émission
  • Auteur/autrice ainsi que les intervenants
  • Date de diffusion
  • Minutage (option)
  • Nom de la personne qui parle et ses propos
  • Ajout d’informations (voix-off, musique, bruits présents dans le podcasts)
  • Suppression de tics de langage
  • Disponible en téléchargement au format texte pour être accessible au plus grand nombre et sur tous les supports. 

Quelle technique pour transcrire du son en texte ? 

Je n’ai pas préparé de liste de logiciels. Uniquement des conseils : 

  • Utiliser la dictée vocale pendant l’enregistrement et relire ensuite (c’est ce que j’ai fait pour mes premiers podcasts que je voulais écouter), en cherchant un peu, vous en avez forcément une sur votre machine,
  • Utiliser des outils (speech-to-text) permettant de le faire,
  • Reprendre le script de votre émission et le compléter au clavier manuellement pour corriger les erreurs.

À vos micros et claviers !

2023, abacadabra ou espoir ?

Feu d'artifice rose pâle qui éclate dans un ciel couchant en bord de mer

Les fêtes de fin d’année sont passées. 
Le Père Noël a fait sa tournée, j’espère que tous les petits et grands ont vu leurs souhaits réalisés ! 
2022 a laissé place à l’année 2023.

Abacadabra ?

Depuis le premier jour de l’an, je vois passer beaucoup de messages de nouvelle année. Ça me gêne. Ça me met mal à l’aise. Pourquoi ?
Parce que j’ai l’impression que tout le monde dit la même chose. On dirait que c’est du « copier-coller ». C’est rude à dire, je suis d’accord. 

Ne soyez pas surpris si moi aussi, je vous ai souhaité « meilleurs vœux pour 2023 » ou si j’ai répété votre message d’une manière ou une autre.

Je n’ai pas envie d’être un mouton parmi d’autres. Je veux rester moi. 
Ça sonnerait faux si je disais que j’ai eu une super année 2022 et que j’ai hâte de remettre ça ! 

En réfléchissant, je me rends compte que les deux années de Covid m’ont bien coupée du monde puisqu’il y a eu des confinements, l’apparition du masque sur les gens. La société inclusive, on repassera puisqu’elle a une incidence à tous les niveaux imaginables. Qu’on en soit encore là en 2023, ça me fait peur. La sobriété énergétique est de mise partout et la vie qui ressemble à un grand 8 émotionnel.

Le but n’est pas de lister tout ce qui est négatif. Je sais que nous avons tous et toutes besoin d’y croire. Besoin de positif, de nouveau, et profiter du changement d’année pour oser rêver, espérer du mieux. 

« On peut pas dire que tout est rose et aussi on peut pas dire que tout est noir ! » 

Je vous dis : 2023, année de l’espoir

Avec ces deux années de covid, j’ai appris à savoir ce qui était essentiel même si parfois je me trompe encore.
L’apparition du masque m’a forcée à mieux entendre et reconnaître certains sons.
La société a évolué mais pas assez vite à mon goût, il est difficile de ne plus penser accessibilité encore en 2022 et je m’efforce de faire de mon mieux, 
La sobriété énergétique m’a fait prendre conscience que je suis extrêmement chanceuse. Le fait de repenser notre consommation d’énergie pour en avoir suffisamment chaque jour. Elle me permet d’entendre et de communiquer avec toutes ces nouvelles technologies qui en ont besoin comme mes batteries d’implants cochléaires, mon smartphone et mon ordinateur pour communiquer, 
La vie m’a fait prendre conscience à plusieurs reprises en 2022 qu’elle pouvait être courte et parfois écourtée si injustement. 

Je ne peux que vous souhaiter de profiter de la vie intensément chaque jour, d’être heureux, de garder la motivation pour réaliser vos souhaits quels qu’ils soient.

Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le bonheur de tous les hommes c’est celui de chacun.

Boris Vian – L’écume des jours