La face cachée de l’iceberg

2 cahiers, un stylo plume et un plateau aux couleurs de l'arc en ciel

Voilà maintenant un mois est passé depuis mon petit bilan personnel des 2 mois d’activation. J’ai entamé mon 3è mois d’activation.
Mon ressenti du monde sonore varie selon les jours. Il y a des jours où il y a des découvertes géniales, des surprises auxquelles je ne m’attendais pas. Ça, c’est le bon côté de l’activation. Je dois dire qu’il y a davantage de meilleurs jours que de mauvais. 🙂

Sur cet outil merveilleux qu’est le Web, on trouvera facilement des témoignages sur l’implant cochléaire qui sont plus que positifs, qui laissent beaucoup de place à l’espoir chez les futurs implantés.
Attention, je ne critique pas, je fais un constat (peut être raccourci).
La plupart sont soit implantés d’un seul côté, d’autres sont bi-implantés avec un laps de temps entre chaque oreille.

Peu de sourds de naissance sont bi-implantés simultanément à l’âge adulte. Il existe quelques personnes dans la même situation que moi, mais le ressenti est différent.

Cette fois-ci, je voudrais parler de la face cachée de l’iceberg.
Ces derniers jours, j’ai passé un bilan orthophonique qui est à l’issue des 3 mois d’activation. C’est un protocole hospitalier. Il est le même pour tout le monde pour pouvoir faire par la suite des statistiques, ce que je peux comprendre et c’en est logique même.

Là, où c’est difficile : c’est d’être mise en défaut malgré le fait de m’y être préparée avec l’orthophoniste de ville, de m’y être préparée psychologiquement. De me dire que je vais y arriver et d’en ressortir le moral dans les chaussettes parce que je constate que je vais mettre plus de temps que la plupart des personnes implantées qui sont passées par là, uniquement parce que ma surdité est tellement ancienne.
Pourquoi ? Parce que ces tests sont élaborés pour la plupart du temps pour des personnes qui ont entendu dans le passé.
Moi, je n’ai jamais entendu.
Pour le moment, je suis plus à l’aise quand j’ai un contexte et encore, il me faut un effort de concentration. Sur les 45 minutes d’orthophonie, je suis obligée de faire des pauses de 5 minutes. C’est positif mais intense.
L’objectif étant de pouvoir entendre sans faire de lecture labiale, mais quand on a un passif de presque 40 ans de lecture labiale … Difficile de se défaire des vieilles habitudes 🙂

Le point positif est qu’on a fait un audiogramme pour voir par curiosité quelle était ma perception des sons, le résultat est quand même radical. Avant je ne pouvais pas percevoir les aigus, aujourd’hui je les perçois très bien. Je perçois les sons quasiment à tous les niveaux aussi bien graves qu’aigus.

Par contre, je savais que ce serait difficile, mais pas à ce point. Finalement, on est jamais assez préparés ! Que la face immergée de l’iceberg serait aussi grosse. Qu’il y ait autant de choses à digérer.

Je sais que je dois m’auto-motiver, à me pousser les fesses pour bouger, pour reprendre une vie normale, prendre sur moi et affronter les choses sans jamais lâcher. Ces derniers jours, j’ai tenté de reprendre un rythme journalier avec un réveil matinal sur le conseil d’une âme bienveillante 😉

Mais mon corps il me dit stop, mon cerveau n’y arrive pas. Depuis le dernier réglage, c’est beaucoup plus dur, les sons sont plus « agressifs ». Je sais que c’est pas les processeurs qui sont mal réglés, je pense que mon cerveau est fatigué. Que lui et mon corps passent une période difficile. C’est très frustrant de ne pas pouvoir faire ce qu’on voudrait, reprendre le travail entre-autre, une vie normale. Je reconstruis mes repères auditifs petit à petit, je fais des découvertes tous les jours, c’est tellement énorme. J’avais un cahier que j’ai commencé quand j’ai été hospitalisée pour ma bi-implantation, j’en suis au troisième ! Et ce n’est que le début de l’aventure. Je sais que je dois rester patiente, prendre sur moi.

Le goût métallique que j’avais évoqué par ci, par là sur le blog, je l’ai toujours 4 mois après l’opération. J’ai trouvé le truc pour masquer ce goût de temps à autre dans la journée, c’est une petite bombe de Ricqlès. C’est peut être fort comme menthe mais ca m’aide beaucoup à supporter.

Heureusement que j’ai quelques personnes autour de moi, qui sont bienveillantes, sur qui je peux compter.

Tasse avec "maman cool" et la guimauve hand-made by luckyslug

En première ligne, mon conjoint qui est mon fan numéro 1, qui me soutient et supporte quotidiennement ce que je vis, mon fils en numéro 2 (même si des fois il trouve que sa mère est un peu « relou » et pas « cool » mais il est conscient que c’est difficile).
Mon petit garçon est conscient que c’est difficile pour moi, qu’il a recommencé à utiliser la langue des signes pour me montrer qu’il est avec moi même s’il est pour un enfant de son âge en pleine période de confrontation avec ses parents.

En tout cas, je n’ai pas tout dit sur la face cachée de l’iceberg … Et puis les choses négatives, ca ne se dit pas trop sur l’internet. Les larmes en font partie, elles sortent quand c’est vraiment nécessaire quelque soit l’endroit, les personnes avec qui je suis. Ce que je sais aujourd’hui, c’est que les gens ne veulent voir que la face visible de l’iceberg.

Il ne me reste plus qu’à remonter à la surface…

5 réflexions sur « La face cachée de l’iceberg »

  1. C’est surtout que les gens ne peuvent voir que ce que tu leurs montres Courage !!! Ca n’est pas tous les jours faciles mais ça en vaut la peine Et petit à petit sans que tu t’en rendes compte ça ira mieux.

  2. Pour t’aider à  » remonter à la surface  » comme tu dis…je t’envoie une grosse bouée d’amour ma Sophie !….. Tu nous épates mais, évidemment, on se doute bien que les moments difficiles ne sont pas sur la toile !…. Je te connais assez pour pouvoir dire que tu ne te plains jamais ! et que tu fonces toujours comme un taureau dans l’arène ! ( ben vl’à que je fais du style !… )
    Je n’ose plus te dire  » encore  » courage mais je pense tous les jours très fort à toi.
    Des bisous ma belle…..

  3. Je suis désolée Sophie de lire les difficultés que tu évoques et le moral difficile face aux résultats qui ne vont pas assez vite.
    C’est vrai que je suis de celles que tu évoques en parlant des témoignages positifs, c’est assez facile pour moi et je ne suis pas chamboulée outre mesure par ce changement. Mais je comprends vraiment que cela puisse être plus dur pour toi. Les 2 oreilles d’un coup c’est beaucoup, la fatigue oui c’est évident. Je suis sortie fatiguée de mon bilan des 3 mois alors que les séances hebdomadaires ne sont pas fatigantes. Ca m’a fait bizarre mais je réalise que oui en fait ça fatigue ! Moi je ne m’en rends pas toujours compte, toi oui.
    Courage, accroches toi. Et j’espère que ça ira chaque jour de mieux en mieux.

  4. Merci pour tous ces billets à travers lesquels nous partageons ces moments avec toi. Je découvre plein de choses que je n’imaginais même pas. 🙂
    Bravo pour ton courage car tu arrives à ne montrer que le côté immergé de l’iceberg quand on te voit (enfin je parle pour moi). Bon courage !

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