La nuit, j’enlève mes oreilles…

Oreille appareillée

J’avais envie de finir cette journée sur cette phrase. J’y pense depuis quelques jours. C’est la réponse à la question qu’on me pose régulièrement, souvent à voix basse… « Tu retires tes implants pour dormir ? »

Je vous rassure, il n’y a pas de question bête ! Il ne manquerait plus que ça !

La réponse est oui, un grand oui. C’est peut être surprenant, mais aurais-tu posé la même question à quelqu’un qui a des lunettes ? Non, parce qu’instinctivement tu vas fermer les yeux la nuit.

C’est vrai que fermer ses oreilles, c’est beaucoup plus compliqué.

Le silence absolu

Quand j’enlève mes oreilles, mes implants cochléaires, je ne perçois pas de sons. Tu peux passer l’aspirateur (mon père a testé pour vous), faire la fête, monter le volume de la télé à fond, ça ne me réveillera pas.

Par contre, si tu tapes l’aspirateur dans le pied du lit, ça va me réveiller. il y a bien des choses qui me réveillent, c’est la lumière, les vibrations, les odeurs et les courants d’air. Ça peut être surprenant, mais je suis hypersensible à ces variations. Mon corps compense à sa manière en ayant développé ces sens en particulier.

Pourquoi retirer mes implants la nuit ?

La première raison, les batteries de l’implant. Elles ne se rechargent pas toutes seules. Un jour peut être. Une charge moyenne va durer entre 24h et 48h chez moi en fonction de l’environnement (et pas que sonore) et les réglages. Donc recharge obligatoire.

La deuxième raison, la récupération cognitive. Quand je dors, mon cerveau se repose vraiment. Certains proches de mon entourage m’envient mon sommeil. Avec ma montre connectée, j’ai pu mesurer la qualité de mon sommeil, elle est bien supérieure à beaucoup d’entendants. Mon pourcentage de sommeil paradoxal sur ma nuit est très élevé.

Mais quand mon sommeil est mauvais, ma capacité cognitive n’est pas au top. Du coup, je galère encore plus pour décrypter les sons et les conversations.

Un cerveau qui ne s’arrête jamais, c’est le burn-out direct. Un cerveau reposé est nettement plus efficace qu’un cerveau fatigué. Retirer mes appareils c’est comme fermer les yeux (à peu près).

Le petit truc auquel vous n’avez pas pensé

Il y a un point négatif à retirer mes implants la nuit : la sécurité.

Une fois je me suis endormie avec la clé dans la serrure, mon mari n’a jamais pu rentrer de sa soirée. Je dormais si profondément malgré ses appels, il a tout essayé, comme allumer toutes les lumières de la maison avec la domotique.

Rien à faire, il a été obligé de dormir ailleurs. Moi, pendant ce temps-là, je dormais à poings fermés…

D’un autre côté si je suis seule, ma sécurité est compromise. Je n’entendrais pas si quelqu’un rentre chez moi, s’il y a la sonnette à la porte, s’il y a le feu, ou quand je suis à l’hôtel. Je ne suis pas équipée pour (pas encore). C’est un vrai sujet.

Mais le fait de les retirer la nuit permet :

  • de recharger mes batteries,
  • de mettre mes implants dans le déshumidificateur pour retirer toute la transpiration même si elle est minime,
  • de préserver la qualité de mes câbles d’antenne qui sont assez fragiles et qui ne résistent pas à l’usure,
  • d’éviter de les perdre dans mon lit car les antennes des implants sont simplement aimantées sur ma tête,
  • de protéger mon cuir chevelu au contact permanent de l’antenne sur mon crâne,
  • et surtout, surtout, mon cerveau il déconnecte totalement. Il se repose vraiment.

Tu t’étais déjà posé la question ? La vie avec un handicap invisible, c’est ça aussi, des adaptations permanentes, trouver le meilleur compromis entre efficacité et fatigue.

Mes oreilles ont aussi besoin de vacances.

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