Est-ce que les Jeux de Paris 2024 sont à la hauteur en terme d’accessibilité ?

Logo des Jo de Paris 2024 - Flamme en transparence dans un rond couleur or, Paris 2024 suivi des 5 anneaux de couleurs symbolisant chaque continent

Ce texte a été écrit à l’origine sur le réseau social Linkedin, mais pour la pérennité des contenus, je le reproduis ici

L’inclusion pour les Jeux Olympiques et Paralympiques ne sont pas à la hauteur des attentes du public handicapé !

Je reprends le post de Coeur Handisport

Etude Coeur Handisport concernant :
– Le service d’audiodescription dans les stades 🏟️
– La « vocalisation » hashtag#FranceTV 📺
– L’accessibilité numérique hashtag#Paris2024 💻

Jeux Olympiques : audiodescription stades 🏟️
▶️ 7 disciplines sur 47
▶️ 41 sessions sur 754 – Moins de 6 % des sessions
▶️ 143 h sur 2450 h – Moins de 6 % du nombre d’heures

Jeux Paralympiques : audiodescription stades 🏟️
▶️ 9 disciplines sur 22
▶️ 82 sessions sur 264 – 31 % des sessions
▶️ 317 h sur 1112 h – Moins de 29 % du nombre d’heures

Jeux Paris 2024 : audiodescription stades 🏟️
▶️ 123 sessions sur 1018 – 12 % des sessions
▶️ 460 h sur 3562 h – 13 % du nombre d’heures

Le service d’audio-description est très faible et il n’est pas axé sur les bonnes disciplines !

Lire aujourd’hui que « le service d’audio-description n’est pas axé sur les bonnes disciplines » me fait bondir de ma chaise.

Oui, bondir vous avez bien lu.

Comment peut-on faire un choix éclairé sur les différentes disciplines à audio-décrire ? Ce sont autant de disciplines que de personnes handicapées intéressées !

Je vais supposer que ce choix a été fait de surcroît par des personnes valides.

Pourquoi ces choix ? Pourquoi les personnes qui sont concernées ne sont pas sollicitées d’abord ?

Ce débat me rappelle la situation que nous avons vécue en tant que personnes sourdes quand il a fallu faire monter en puissance le sous-titrage des médias il y a quelques années. Il y avait des « choix » qui étaient faits en amont, pas forcément ceux qu’on voulait (plutôt un vieux film qu’une émission de jeu télévisé) mais qui semblaient importants pour ceux qui ont fait ces choix.

Pour atteindre une accessibilité totale, il semblerait que nous soyions obligés de subir ces choix concernant les différentes disciplines olympiques.

Il devient urgent d’intégrer les utilisateurs handicapés dans cette accessibilité universelle. « Nothing about us without us » – Rien sur nous sans nous.

Alors, c’est quoi ta prochaine aventure solo ?

So Accessible, le logo

Je me suis rendue compte qu’à l’évènement a11yParis, que cette question était revenue souvent.

« Alors, c’est quoi ta prochaine aventure solo ? »

Je crois que je vous ai habitués à ces surprises. 

C’est vrai que partir seule au Japon a surpris certains d’entre-vous. Ça a été un voyage génial qui m’a permis de me retrouver, de me recentrer sur mes valeurs, mes envies. 

En 2024, il me fallait encore des défis. Le goût de l’aventure solo me manquait. En recherche d’emploi, j’ai décidé de prendre mon vélo pour faire Paris – Bordeaux, j’avais encore besoin de réfléchir. Découvrir, tester des choses par moi-même. 

Cette nouvelle aventure solo, elle me trottait dans la tête depuis un moment. 

L’accessibilité numérique est un sujet qui m’accompagne quotidiennement depuis plus de 20 ans. Toutes ces années à partager, sensibiliser, avec mon vécu de personnes sourde. 

Aujourd’hui, je veux aller encore plus loin. 

J’accompagnerai positivement les entreprises dans leur démarche d’accessibilité numérique. 

Je veux contribuer à rendre un web plus inclusif et humain, à ma façon. Accompagner avec pédagogie et humour, montrer que c’est un sujet qui peut être bien plus qu’on le croit : utile. Aider mes clients à faire de l’accessibilité une priorité. 

J’ai le plaisir d’annoncer le lancement de So Accessible, l’accompagnement positif de vos démarches d’accessibilité numériques.

Contactez-moi dès aujourd’hui sur bonjour arobase so-accessible.fr pour discuter de votre accompagnement positif sur-mesure et obtenir un plan d’action.

Ensemble, faisons la différence !

A11Y Paris

Scène d'A11YParis où sont assis Frédéric Halna et Manuel Pereira sur des fauteuils rouges pour l'ouverture de l'évènement.

A11y Paris est devenue une des conférences incontournables du secteur de l’accessibilité numérique.

Pas moins de 600 personnes étaient présentes ! C’en est devenu impressionnant à voir.

C’est toujours un plaisir de suivre les conférences qui sont transcrites à l’écrit et interprétées en langue des signes. Merci AcceoTadeo.

J’ai pris plaisir à revoir tout le monde, y compris rencontrer de nouvelles personnes ou même apercevoir quelques têtes !

Les thématiques des conférences et les tables rondes m’ont confirmé qu’il fallait commencer par sensibiliser les décideurs et les dirigeants mais aussi les équipes, l’inclusion des utilisateurs handicapés dès le début des projets sans oublier la solidarité de la communauté des experts sur les différents référentiels : ces trois grands axes sont gages d’une accessibilité universelle.

Les conférences étaient source de motivation, d’humanité, d’enthousiasme, d’engagement qui même parfois était un peu trop vif car le sous-titrage a eu du mal à suivre… (la prochaine fois, pensez à respirer quand vous parlez, ça m’aidera à vous suivre 😉)

Avec en prime pour moi, la mission qui m’avait été confiée concernant le prix d’utilisabilité avec Hélène Kudzia-Pinto da Silva pour le concours des écoles ainsi que la signature de la charte d’engagement sur l’audit de conformité du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) en tant que professionnelle de l’accessibilité numérique.

Je n’ai pas participé à cette seconde journée même si les conférences d’aujourd’hui étaient toutes aussi intéressantes qu’hier, je sais par expérience que l’accessibilité des ateliers pour les personnes sourdes et malentendantes sans aide technique, c’est pas toujours une mince affaire et parfois source de déception. J’ai préféré rester sur une note positive !

🚲 Comparé à une journée de vélo, c’était bien plus fatiguant, mais ô combien source d’énergie et de ressources pour la suite qui s’annonce tout aussi palpitante.

Je n’oublie pas également de remercier Frederic Halna et Manuel Pereira pour votre engagement.

Restez connectés ! La prochaine aventure solo est dans les tuyaux.

Être contente de soi

Parcours de vélo tracé sur une carte, la forme du parcours donne le chiffre 8 visuellement. Au départ de chatou, en allant jusqu'à Conflans-Sainte-Honorine en passant par Satrouville, Cormeilles en parisis et Maisons-Lafitte. Le point de départ et d'arrivée est masqué par un smiley chat.

Après avoir passé une journée un peu naze quand même, même si ça va bien de manière globale, je ne vais pas mentir. Y’a des journées plus nazes que d’autres. Entre les annulations de rendez-vous que tu attends depuis un moment genre 2 mois, les appels à la noix des soi-disant partenaires de France Travail (coucou le RGPD !), les microbes, etc…

Nazes parce que j’arrive pas à avancer comme je veux, parce que ce sont des choses que je ne contrôle pas mais qui arrivent quand même, charge à moi de transformer ce négatif en positif. J’ai quand même du positif qui arrive, mais je peux pas trop en parler en ce moment, le moment venu oui. 🙂

Voilà que cela fait quelques jours que je dors pas bien à cause d’une toux qui a décidé de m’embêter la nuit.

J’ai décidé de prendre le taureau par les cornes, je suis remontée sur mon vélo et j’ai été faire un joli petit 8 sur la carte de Strava. La forme c’est réussi. Les kilomètres vont avoir raison de mon sommeil ce soir je l’espère !

45,5 kilomètres en 2h30 sur mon petit vélo électrique, c’est peut être pas aussi rapide que si j’avais un vélo gravel (j’avoue, j’adorerais tester un vélo de ce genre). J’ai vu des jolis ponts, le château de Maisons-Lafitte, j’ai même vu un lapin détaler vers son terrier et ressortir de l’autre côté de la grille. C’était mignon.

Finalement, je devrais faire ça plus souvent.
L’important est d’être contente de soi. C’est réussi.

La visioconférence quand on est sourde

Méduse blanche qui navigue dans une eau bleue

Plus que jamais, le sujet de la visioconférence est d’actualité, surtout quand on est sourde. Je viens de passer 4 heures à participer à un atelier, où j’ai tout de même pu utiliser de mon côté un outil de transcription instantanée de la parole. Cet outil m’a largement permis de comprendre et heureusement !

Mais ça ne fait pas tout.

Mon cerveau déploie une énergie folle à écouter ces sons, voir ces lèvres à l’écran que je décrypte. Malgré le fait d’avoir signalé qu’il fallait allumer la caméra, éteindre son micro parce que les bruits parasites n’aident pas.

Quand vous êtes en visio, essayez de retenir cette astuce : présentez-vous visuellement comme vous voudriez voir à l’écran, de manière agréable et efficace.

Je viens du temps avec des personnes qui n’ont aucune sensibilité au handicap. 

J’ai énuméré une liste de situation qui ne me permettent pas de suivre correctement : 

  • La caméra désactivée, à aucun moment, je ne savais même pas si la personne était derrière son écran,
  • La personne en contre-jour, je n’ai vu que le contour de sa tête, ou alors la moitié de son visage recouverte d’un halo qui ne me permettait absolument pas de faire de la lecture labiale,
  • La personne sur son mobile et qui parfois à force de porter le téléphone à bout de bras le posent sur la jambe qui n’est pas sans repos, où vous voyez l’image vibrer comme si vous étiez sur un engin lancé à pleine vitesse,
  • La caméra décentrée, où j’ai vu par à coups, une chemise bien repassée ainsi que son col, ou encore le haut de la tête avec la bande du casque audio qui coiffe le visage, une main qui se tient le haut du crâne rasé comme si la visio était difficile à supporter,
  • Le haut du visage visible sur l’écran, avoir une impression désagréable de jouer à « qui est qui » ou au memory,
  • La personne en train de sortir de son bâtiment alors que l’appel n’est pas terminé, on y voit les portes s’ouvrir, parcourir des couloirs, et bien d’autres choses encore, sans oublier que l’image fluctue en qualité et mouvement,
  • La personne en train de tester son arrière-plan pendant la visio, voir une personne qui est chez elle dans son décor, et y voir tout d’un coup un paysage de plage au coucher du soleil.

Sachez que pour moi, une visioconférence est toujours très énergivore, sans oublier qu’il y a une suppléance mentale en permanence active, avoir la capacité de mémoriser en même temps que je fais de la suppléance mentale c’est un exercice qui pourrait ressembler à grimper l’Everest. Cette prouesse célébrale est mise à rude épreuve en permanence.

Souvent, j’en ressors lessivée, rincée. Et bien souvent, j’ai pas la capacité de me rappeler de tout ce qui s’est dit puisque je ne peux pas écouter et noter en même temps (il y a des astuces, je sais, mais faut que vous le sachiez que c’est compliqué).

Songez à l’avenir, pour votre image, pour le bien des autres, à faire des efforts de présentation, c’est peu d’énergie pour vous, beaucoup d’économies pour moi.

Un p’tit truc en plus

Affiche du film "Un p'tit truc en plus", toute l'équipe du film est rassemblée pour la photo dans l'herbe et le beau temps.

La semaine dernière à la télé, j’ai entendu que les grandes marques de luxe avaient refusé d’habiller les personnes handicapées qui ont joué dans le film « Un p’tit truc en plus » pour le festival de Cannes 2024. J’avais été scandalisée par ce fait.

Pourquoi pourrions-nous pas être traités comme tout le monde, juste parce qu’on a un p’tit truc en plus ?

Aujourd’hui, mercredi 22 mai, Artus et ses comédiens monteront les marches du festival de Cannes 2024 habillés par des grandes marques de luxe qui se sont ravisées finalement. Heureuse de voir que ces comédiens, qui ont réussi le pari de participer à un long-métrage qui marque les esprits quoi qu’on en dise. Merci Artus d’avoir osé montrer qu’un handicap ne définit pas une personne. À l’heure où j’écris ce billet de blog, le film a déjà fait plus de 3 millions d’entrées et est devant la Planète des Singes, Oppenheimer ou encore Barbie au box-office.

C’est un sacré pied-de-nez aux personnes qui refusent de parler handicap en 2024.

Je suis allée voir le film hier soir, en version française, sous-titrée en français pour les sourds et malentendants au cinéma à la Défense. Pas un petit cinéma, et pas à 14h quand tout le monde travaille.

Je suis partie avec un à-priori. Du fait qu’il n’y ait pas de sous-titrage sur les films français, je n’ai pas la culture cinématographique française avec toutes les références. Moi, j’ai été bercée par les blockbusters américains du coup, je trouve que les films français traînent en longueur, je m’ennuie, je vois l’heure passer.

Artus et les comédiens qui arrivent au gîte pour l'été avec les valises et les sacs.

Mais, « Un p’tit truc en plus » ne m’a pas fait cet effet. Bien au contraire ! J’ai adoré, j’ai été triste, j’ai ri et j’ai pleuré.

C’est un film qui est sincère, franc, vivant, drôle et réaliste à la fois.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un film sans voir le temps passer, et de rire autant, dans une salle qui réagit en même temps que moi pendant certains passages. Je ne raconte pas le film !

L’équipe du film a tout de même réussi à placer certains messages qui sont encore tabous en 2024 : la place « handicapé » qu’il ne faut pas prendre si on n’est pas soi-même handicapé, la sexualité entre personnes handicapées et pire, entre personnes valides et personnes handicapées, l’avenir des personnes qui ont un handicap mental quand leurs parents décèdent et l’inclusion dans une société qui ne veut pas de nous, sont des messages qui sont glissés subtilement dans le film.

J’espère que cela fera son effet sur la société, que les gens réfléchiront.

Et puis, j’ai adoré, mais les personnes valides qu’est-ce qu’elles s’en prennent plein la gueule, ça fait du bien !

Pour finir, j’ai adoré un p’tit truc à moi : le sous-titrage pour les personnes sourdes et malentendantes !
Il était en couleur, bien réalisé, le positionnement, la pertinence du sous-titre. Je n’ai pas eu l’impression d’être dans une salle où j’étais la seule à en avoir besoin. Les paroles étaient transcrites, quel bonheur de découvrir cette chanson en même temps que tout le monde, de comprendre les paroles de Clic clic pan pan de Yanns et pas que !

Foncez le voir, vous ne le regretterez pas !

Ensemble, faisons la différence !

Gros plan sur une cerise rouge posée sur un gâteau à la crème.

Aujourd’hui est la journée mondiale à la sensibilisation à l’accessibilité numérique.

Saviez-vous que vous pouvez avoir un impact bien plus important que ce que vous imaginez dans la vie quotidienne des personnes handicapées ?

Voilà 35 ans qu’Internet existe en France, il n’est pas trop tard pour changer le Web.

Il n’est pas trop tard pour changer vos habitudes, ce sont des petits efforts pour vous mais tellement satisfaisants quand nous connaissons le résultat sur le quotidien des personnes handicapées.

Quelques astuces :

  • Si vous produisez un podcast, n’hésitez pas à produire une transcription,
  • Si vous diffusez du contenu vidéo, n’hésitez pas à y ajouter des sous-titres (sur toute la vidéo), 
  • Si vous organisez un évènement, n’hésitez pas à mettre en place de la vélotypie,
  • Si vous organisez un webinaire, n’hésitez pas à activer les sous-titres.

L’accessibilité est un sujet qui est encore méconnu en 2024. Il est temps que cela change !

L’accessibilité doit être au cœur du projet et pas une cerise sur le gâteau.

Elle doit me permettre d’être comme les autres, sans avoir à me justifier, sans avoir à demander, à me prendre la claque magistrale de la réponse négative qui est quasi quotidienne finalement.

Je ne veux pas devenir la variable d’ajustement de vos projets.

Les personnes handicapées ne sont jamais sollicitées, on leur demande rarement leur avis pour faire en sorte que l’accessibilité soit prise en compte dès le départ. Pourtant, grâce à ça, votre communication pourrait être différente. 
 
Aujourd’hui, je m’engage dans une activité indépendante, car je souhaite mettre mon expertise en accessibilité numérique au service de vos projets.
 
Mon objectif est simple : vous aider à créer des interfaces numériques accessibles (et bien plus encore), et ainsi contribuer à une société plus juste et solidaire.
 
Ensemble, faisons la différence !

Paris – Bordeaux : l’envers du décor

Sophie qui se prend en photo avec la main sur la bouche avec un regard surpris

J’ai finalement réussi à accomplir ce que je voulais faire : réaliser le trajet de Paris – Bordeaux en passant par Nantes et la Vendée à vélo en solo.  

À travers ce billet, j’ai envie de vous donner quelques informations que j’ai omises de vous raconter durant mon périple. Oups.

La pompe à air

Rappelez-vous l’histoire de la sacoche étanche, à l’étape 12 où je parlais de concours de tee-shirts mouillé ! Dans cette fameuse sacoche, il y avait une pompe électronique qui avait pris l’eau. Certaines d’entre-vous avaient suivi l’affaire. Je suis au regret de vous annoncer que cette pompe électronique a rendu l’âme. En fait, elle n’a jamais servi puisque je l’avais achetée au cas où il m’arriverait un pépin avec mes pneus. C’est la mauvaise nouvelle.
La bonne nouvelle est que je n’ai pas crevé une seule fois sur tout le trajet. C’est plutôt chouette.

Côté positif de l’histoire : j’ai toujours 2 chambres à air à ma disposition ! 

Les chutes

Je suis tombée deux fois.
Sachant que j’avais fait une chute il y a 4 ans pendant le premier confinement où j’avais été emmenée par les pompiers d’urgence parce que mon bras était bien cassé. Je m’en rappellerai toute ma vie, être sur la table d’opération en plein covid, 3h après ma chute avec des personnes masquées alors que la lecture labiale est mon mode de communication. J’étais dans un autre monde. 

La première chute a été violente, ma roue s’est enlisée dans le sable dans un virage, je n’allais pourtant pas vite, mais les petites routes dans les dunes c’est pas le meilleur plan. Violente au point que je me suis demandée si je n’avais pas re-cassé mon poignet. 

Je m’en suis pas trop mal tirée avec quelques hématomes plus ou moins importants et placés. Le plus gros bleu, vient juste de disparaître après 3 semaines. Les mitaines m’ont bien amorti le choc. Je vous recommande vivement les mitaines à vélo, que ce soit pour la prise en main du guidon, ou l’amortissement durant les chutes que je ne souhaite à personne ! 

La seconde est une chute bête. J’étais dans une côte, un peu fatiguée à m’apprêter à partir et hop une petite chute en arrière. J’ai eu mal au postérieur mais rien de méchant. C’est cette chute qui m’a fait prendre conscience de la fatigue musculaire, c’était pas rien. Écouter son corps, c’est quelque chose qu’il ne faut pas négliger. Plus de peur que de mal !

Côté positif de l’histoire : les mitaines c’est bien, ça protège. J’ai la marque du soleil sur les doigts, c’est rigolo. La partie supérieure de mes doigts est bronzée contrairement à la partie inférieure. 

La préparation physique

Je dois avouer que je fais du vélo régulièrement, très souvent puisque c’est mon moyen de locomotion. Ce vélo, je l’utilise sur des distances de 3 à 4 kilomètres grand max. Les grandes distances, je les faisais avec mon long-tail. Jamais je n’avais fait de longues distances comme j’ai fait récemment. Le première 50 kilomètres avec ce vélo, c’était un samedi après-midi pour tester mes vêtements, veste, maillot en jersey, cuissard. 

Mais jamais, jamais je me suis préparée pour faire ce voyage physiquement. Ces derniers mois, j’ai bougé moins que d’habitude puisque je me remettais de mon dernier burn-out de l’an dernier — Il faut que ce soit le dernier, ça suffit ! — . Ce périple, j’ai pu le réaliser grâce au mental.
J’ai pris un peu cher au début physiquement, les deux premiers jours mais après, c’est le métier qui rentre comme on dit ! 🙂

Côté positif : Je savais que j’avais un mental têtu, obstiné si on peut dire ça comme ça. Il m’a permis d’aller jusqu’à Bordeaux. 

Les étapes

J’avais préparé le tracé et les premiers arrêts approximatifs en réservant des points de chute pour les premiers jours.
Ensuite j’ai fait au feeling, en réservant la veille pour le lendemain. Je n’ai pas hésité à rajouter quelques kilomètres aux étapes pour que ça ne me coûte pas trop cher vu que je suis en recherche d’emploi. Profiter des arrêts chez les personnes que je connais et que j’apprécie. Merci encore si vous me lisez. Parfois, je partais le matin, je ne savais pas bien où j’allais dormir le soir, j’ai parfois réservé qu’à 14h pour 17h.

Coté positif : J’ai vraiment laissé une part à l’improvisation, je crois que j’aime bien. J’avais fait pareil pour le Japon. Partir avec un billet aller-retour sans vraiment avoir planifié les excursions sur place. C’était pareil cette fois-ci. Les châteaux que j’ai visités et autres curiosités, je ne les regrette absolument pas. J’ai adoré. 

Le silence à vélo

J’ai osé rouler avec mes implants cochléaires éteints. Je ne l’ai fait que deux fois. La première fois, c’était dans la forêt de Chambord, je voulais me sentir en sécurité et tester le silence total. Je dois avouer que ça m’a perturbée de ne pas entendre le roulis de ma chaîne, ou le vent qui effleure les implants cochléaires en faisant une espèce de son indescriptible. Le son du vent. C’est peut être surprenant pour vous que j’aie été perturbée de rouler dans le silence, c’est bien la preuve que je me suis totalement approprié cette nouvelle audition.

La seconde fois, c’est quand j’ai eu le vent d’ouest face à moi, avant Thouaré sur Loire. J’en pouvais plus de ce son désagréable du vent (et encore j’ai la réduction de bruit sur les implants).
Je voulais avancer et me concentrer pour justement lutter contre la force du vent. Ca m’a vraiment aidée, visuellement j’avais la ligne d’horizon de la piste cyclable et aucun bruit, c’était bien. Ne pas entendre le vent, le feuilles bouger, les voitures qui roulaient sur la route, alors que j’étais dans le contre-bas de la piste cyclable, plus rien pour me déranger.

Côté positif : ça m’a reposée !

Futur professionnel

Avec l’envers du décor du Paris-Bordeaux, je peux continuer à prospecter pour mon futur professionnel. Je reste toutefois à l’écoute du marché, sait-on jamais. 

Restez connectés ! 

Au revoir Bordeaux …

Sophie les bras en signe de victoire avec le vélo en arrière plan devant la gare de Bordeaux.

Hier soir, j’ai eu droit à un accueil digne de ce nom. Après avoir fait 80 kilomètres, j’ai évité une énième averse, j’ai eu droit à une pause féline avec Indi, qui m’a tenu chaud aux cuisses. Je suis heureuse de clore ce périple par cette soirée avec Élie et Irene aux discussions joyeuses. Comme on dit, le meilleur pour la fin. 

Ce matin, je me suis réveillée à la même heure que d’habitude. Les habitudes se sont ancrées depuis mon départ. J’avais trouvé une espèce de routine qui m’allait bien. 

Ce matin, ce n’était pas pareil. Je savais que je ne partirais pas pour une distance d’environ 60 à 70 kilomètres pour ma journée. Je savais que c’était le dernier matin loin de chez moi. 

Ce matin, ce n’était pas pareil. 

J’étais dans une maison avec des personnes que je connais. Mon sommeil a été profond. D’une part, parce que j’avais fini mon périple à vélo en solo. D’autre part, parce que je savais que s’il y avait un problème quelconque dans la maison la nuit dernière, j’aurais été avertie au même titre que tous les habitants de cette maison. 

J’en ai pas parlé pour inquiéter personne. Mais tous les endroits où j’ai dormi, rien n’est fait pour alerter une personne sourde s’il y a un danger pendant son sommeil. Les chambres d’hôtes, les gîtes, les hôtels ne sont pas équipés forcément et la plupart du temps, personne ne s’est rendu compte de mon handicap, de ma surdité. Je suis passée inaperçue. Handicap invisible quand tu nous tiens … 

Je vais être transparente mais le sommeil n’est pas forcément le même, on ne dort que sur une oreille, pardon d’un oeil. Je suis parfois obligée de lâcher prise si je veux récupérer par rapport à ma fatigue. C’est pour ça que ma pause de 48h a été bénéfique, je dormais chez ma cousine, elle sait que je n’entends pas dans mon sommeil et en qui j’ai une totale confiance.  De même chez les personnes chez qui j’ai dormi. 

Après un bon petit déjeuner en l’excellente compagnie d’Irene, je me suis préparée pour faire un dernier petit tour dans Bordeaux avec Élie qui a troqué sa casquette d’expert en assurance qualité en guide à vélo de Bordeaux. 

J’ai eu la joie de naviguer sur la Garonne. J’ai eu les larmes aux yeux quand le bateau s’est éloigné de la rive. Il n’y avait pas de plus beau cadeau pour finir ce périple à vélo. 


Passer sous le pont Chaban-Delmas, entendre les moteurs du bateau vombrir. Une émotion intense. L’approche de la ville était différente aussi bien que visuellement que sonore. 

Je suis revenue à la gare où j’appréhendais un peu l’embarquement du vélo, c’est la première fois que je prends le TGV avec mon vélo. Ça a été cocasse, l’ascenseur étant en panne, bah, j’y suis allée en mode warrior. Les escalators (qui descendent) avec mon vélo chargé, remonter l’accès au quai, une longue pente douce. Arrivée à mon wagon, une voyageuse m’a proposé de me prendre mes sacs et les mettre dans le train ce que j’ai vivement accepté. J’ai installé mon vélo pliant en mode pas pliant. Flemmardise quand tu nous tiens ! 


Et me voilà repartie pour Paris, les larmes aux yeux d’avoir réussi à le faire. Des larmes de joie. Voir tous ces paysages en accéléré. De voir la pluie tomber au loin à travers la vitre du train.

Voir ce périple de 937 kilomètres éclipsé en deux heures par le TGV.

Dernière étape : bonjour Bordeaux ! 

Aujourd’hui était la dernière étape de mon périple à vélo en solo. Rallier Paris à Bordeaux en passant par la Vendée, un joli voyage de 937 kilomètres au total. 

Quand je me suis levée ce matin, il pleuvait des grosses gouttes… j’ai attendu 10h pour partir en espérant que la pluie s’arrête ou qu’elle soit plus fine. 

Je me suis habillée en conséquence, c’est à dire que j’avais mon kway de pluie par dessus la tenue habituelle ainsi qu’un pantalon de pluie que je n’avais pas tellement étrenné. 


La piste était belle en partant d’Etauliers. J’ai eu une autoroute de vélo jusqu’à Blaye. C’était parfait.

Le décor a évolué depuis que je suis partie. J’ai commencé avec les châteaux de la Loire, les forêts, les champs agricoles, les dunes, la forêt de pins, pour enfin arriver aux paysages de cépages à perte de vue. 

Du côté de la Gironde, la Dordogne et la Garonne, les paysages sont beaucoup plus vallonnés qu’au bord de la Loire. 

Sur ma route, j’ai croisé quelques belles églises, des cépages, beaucoup. J’ai même remarqué qu’il y avait des tas de bois aux alentours des vignes, je me rends compte que les vignerons se tiennent prêts en cas de gel. C’est impressionnant à voir.


J’ai vraiment pris mon temps aujourd’hui et je n’ai pas vu les kilomètres passer. 

Le ciel était couvert, j’ai eu de temps à autre de la pluie. Il pleuvait, je m’arrêtais pour remettre mon kway et mon pantalon, quand il ne pleuvait plus, je m’arrêtais pour tout retirer. Parce que rouler dans une espèce de sauna, c’est juste pas cool. Le plastique colle aux cuisses. C’est désagréable je trouve. 

Le ciel s’est découvert. Jai eu du soleil, je me suis dit que ça valait le coup d’espérer un peu quand même. J’ai commencé à longer la Gironde et la Garonne plus sereinement. Il y avait de belles maisons en pierre de taille tout le long de la rivière avec des jardins en fleurs, c’était beau. 


À St Vincent de Paul, j’ai pris un pont qui a été construit durant la période Eiffel. On reconnaît bien la structure de la Tour Eiffel sauf qu’elle est bleue pour le pont. Arrivée en haut de ce pont, je me suis arrêtée pour admirer la rivière. Elle était immense, plus large que la Loire. Le débit de l’eau était aussi visible que sur la Loire, on voyait les remous de l’eau. L’eau n’était pas de la même couleur. Plus dans les tons marrons alors que la Loire c’était plus vert. 

En arrivant sur les hauteurs de Bordeaux, j’ai vu le pont Chaban Delmas au loin. J’ai descendu la côte (pas les cheveux au vent mais je suis restée prudente, c’est souvent quand on est fatiguée qu’il peut arriver quelque chose). Je suis allée déposer mes affaires à Cenon et je suis repartie finir cette étape à Bordeaux le nez en l’air. Bordeaux est une ville très cyclable, même si je trouve que ça roule un peu dans tous les sens. Il faut croire que le retour à la civilisation n’est pas aussi simple… après 3 semaines de vélo. 


En roulant, je me faisais la réflexion que c’était l’étape de l’espérance. D’une part, parce que quand j’étais plus jeune j’ai lu une saga de Christian Signol, la rivière Espérance qui raconte une histoire d’un jeune qui veut devenir gabardier, dans le secteur du Périgord, la Dordogne, la Garonne avec Libourne et Bordeaux. 

D’autre part, l’espérance de pouvoir réaliser quelque chose, d’un avenir meilleur que je peux espérer voir arriver professionnellement. 

Et puis, aussi la fin d’une espérance en quelque sorte aussi, j’ai réussi à faire ce que j’avais décidé : rallier Paris à Bordeaux à vélo en solo. Je sais que je l’ai fait et je peux être fière de moi ! 

Cette étape était finalement la plus longue de toutes : 80 kilomètres avec beaucoup de dénivelé. 

Merci à vous qui m’avez suivi durant ce périple en solo. Demain, je reprends le TGV et je rentre à Paris retrouver ma famille.