La suppléance mentale

Affiche sur laquelle la moitié des lettre est cachée et lisible difficilement du premier coup. Le texte suivant est "à l'école un enfant malentendant ne devrait jamais ressentir ce que vous ressentez en ce moment en lisant ces lignes". Affiche de l'Institut National des Jeunes Sourds de Paris

C’est quoi la suppléance mentale ?

J’en parle souvent dans mes billets. C’est quelque chose que je fais quotidiennement.

C’est un effort intellectuel que je fais en permanence pour :

  • me concentrer pour pouvoir lire sur tes lèvres
  • me concentrer pour entendre quand je suis dans un lieu bruyant ou face à une personne masquée

Il m’arrive de ne pas entendre tous les sons qui composent la phrase, ou ne pas comprendre tous les mots. Comme si je faisais une dictée à trous toute la journée. Imaginez la fatigue que ça génère, de devoir compléter tous ces trous en permanence, tout le temps.

Si je pouvais penser à une situation dans laquelle vous pourriez être confronté à cette suppléance mentale, c’est pendant les réunions ou vous avez le son qui est très mauvais ou le son est coupé de temps à autre ne vous permettant pas de comprendre l’intégralité de la conversation durant 1 heure.

De temps en temps, c’est facile pour moi parce que je suis dans un environnement sonore calme. J’ai des personnes qui m’ont bien cernée et qui m’aident quand elles voient que je n’ai pas compris. C’est rare mais ça arrive et heureusement !

Dans une cantine par exemple, j’ai souvent la moitié des phrases qui m’échappent. Parce que d’une part, c’est un lieu bruyant, les gens mangent et parlent parfois la bouche pleine. Le son est beaucoup moins audible.

C’est un moment de repos pour les autres et d’échange, je ne force pas plus. Pourquoi un moment de repos pour les autres ? Parce que pour moi être dans le bruit ce n’est pas reposant. Je me dis tant pis, ça n’est pas bien grave même si au fond de moi ça génère de la frustration.

Dans une réunion, ça va être plus compliqué. Je vais devoir être concentrée deux fois plus car les écrans sont pas optimaux, les gens se coupent la parole.

Dans un échange à deux, tout va bien. 🙂

Quand j’arrive à compléter ma phrase à trous, je ne comprends pas forcément tout de suite. J’ai un temps de retard. C’est pourquoi parfois je dis : « ah oui ! » cinq minutes après. Il y a de quoi avoir l’air bête mais c’est comme ça.

Je parle souvent de dictée à trous parce que c’est visuel comme image. Ca marche aussi avec les mots qui n’ont qu’une lettre qui change. Je vais faire simple. En lecture labiale, les mots « main », « bain », « pain » sont quasiment pareils. Si on n’a pas le son, on ne peut pas les différencier sur les lèvres. C’est une autre compétence. Seul le contexte et la phrase dans lequel sera le mot donnera tout le sens au mot que je ne peux pas différencier en lecture labiale.

La suppléance mentale, c’est aussi chasser les mauvais mots qui me permettent de communiquer correctement. Mon environnement, le contexte de ce que je vois et entends fait toute la différence mais ne fait pas tout.

Jour 13

Une réflexion sur « La suppléance mentale »

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