Trouver sa place à l’école

Il est arrivé à tout le monde de ne pas trouver sa place, de pas se sentir bien à tel moment ou à tel endroit. J’aimerais bien que ces situations-là se reproduisent moins dans le futur.

L’école.
J’ai eu à plusieurs reprises cette sensation de ne pas être à ma place durant mon parcours scolaire, mais la prise de conscience n’était pas aussi forte qu’aujourd’hui. Peut-être que c’est tant mieux. Je ne sais pas.

Ce n’est pas toujours évident puisque le français s’acquiert aussi par l’ouïe et la parole. (oui toi là derrière, ne crie pas, je sais qu’il y a aussi la lsf, le lpc…mais ce sont pas des moyens qui m’ont été donnés dans ma jeunesse) Je ne critique personne, c’est juste un constat de ce que j’ai vécu.

L’école primaire
Je m’étais bien débrouillée en première année de CP. Le corps enseignant a jugé bon de me mettre en intégration dès le ce1. (Certains diraient que c’est de l’intégration sauvage, oui, bon, ne criez pas au scandale, c’est fait.)

Il ne m’a pas été facile de me faire accepter, étant vite le centre d’attention du maître d’école…

Ces traitements de faveur ont fait que je passais très vite pour le “chouchou” du maître d’école.

Il avait tendance à me placer différemment dans la classe de manière à pouvoir intervenir rapidement si j’avais besoin de lui pour comprendre un énoncé d’exercice par exemple. Ou pendant les dictées, j’étais très souvent placée au premier rang (et là pas moyen de faire une bêtise … moi qui crevais d’envie d’être au dernier rang).

Les enfants ne sont pas tendres.
Mes petits camarades ne faisaient pas forcément l’effort de m’inclure dans leurs jeux malgré mon gros stock de billes – une trousse en jean pleine de billes ! – j’avais bien plus de difficultés à m’exprimer qu’aujourd’hui. Il arrivait parfois qu’ils viennent me voir en se moquant de mon élocution, c’était un peu dur à digérer quand je pensais aux nombreuses heures d’orthophonie que je faisais à l’époque (au minimum 2h par semaine).

Les maîtres et maîtresses d’école m’ont laissé un meilleur souvenir que mes petits camarades. Ceux avec qui j’avais le plus d’atomes crochus, avec le recul, c’était des enfants qui n’avaient pas forcément le profil parfait (bien enrobé, un peu maigrichon, pas français, j’en passe…)

J’ai tout de même un bon souvenir du primaire, et c’est avec joie que j’ai retrouvé il y a quelques années mes 2 copines avec qui je passais mon temps dans la cour de récré.

L’adolescence.
Le collège, période difficile.
Quand un parent valide a un enfant en situation de handicap, il développe un lien qui est à la limite de la surprotection. Ils ont besoin de combler ce “manque” que l’on peut avoir en soi, ici l’audition.

J’ai pas été une ado rebelle (Maman tu confirmes ?). Rassurer ma maman tant que je pouvais, que j’étais capable de me déplacer sans pour autant briser ce lien que j’avais avec elle.
Prendre le bus toute seule en 4ème a été une des premières choses que j’ai pu faire sans ma mère. J’avais une heure maximum pour rentrer à la maison, le portable n’existant pas à l’époque.

Pourquoi prendre le bus tu me diras ?
Simplement parce que je n’ai jamais été à l’école du « quartier« .
Pour être en intégration à l’école, je devais aller dans les établissements dans les villes alentours qui le permettaient. Ce n’était jamais l’école qui était juste à côté de la maison. Et c’était ma maman qui faisait le “chauffeur”.

Étant dans des écoles qui n’étaient pas à proximité de mon domicile, je ne pouvais pas y aller à pied. J’avais droit en compensation à un moyen de transport spécialisé.
Durant une courte période, j’avais une voiture (un véhicule sanitaire léger – VSL) qui venait me chercher le matin, qui me ramenait à la fin de la journée. C’était pour la plupart du temps, des voitures blanches avec une étoile bleue dessus. Certains de mes camarades sourds avaient des taxis, moi c’était celle-là.
Jusqu’au jour où une ambulance, oui, t’as bien lu, une AMBULANCE, est venue me chercher à la sortie du collège. Ce fut la dernière fois qu’on venait me chercher en “transport spécialisé” au collège.

En pleine adolescence. Ouch, ca fait mal quand tu y repenses. Ta fierté d’être autonome, elle en prend un coup. Je ne suis JAMAIS montée dans cette foutue ambulance. J’ai refusé. Je n’étais pas une pestiférée ! C’était une atteinte à ma personne. Je me considérais pas malade et je ne le suis toujours pas.

Je trouve que minipixel a une chance incroyable d’avoir son école à côté de la maison. Jalouse de mon fils ? Non, contente qu’il n’ait pas à subir ce que j’ai subi petite.
Un sentiment de réconfort.

6 réflexions sur « Trouver sa place à l’école »

  1. Ouf j’ai echappe a l’histoire de l’ambulance.
    Perso, je n’ai pas eu tellement de mauvais souvenirs de l’integration scolaire, reussie brillamment. Le plus difficile, c’est quand on m avait « sortie » pour me placer en integration du milieu specialise ou je m eclatais comme une petite fille ordinaire. Etre extraordinaire, c’est pas toujours facile tous les jours.

  2. Bin ma grande, je vois qu’on a pas eu la même vie, ouch c’est douloureux…
    Pour moi le primaire c’était 30min de soutien entre 11h30 et 12H. puis déjeuner de 12hà 12h30. puis courir dans la cour de récré, puis de 13h à 13h30 orthophonie. Sur le moment je trouvais ça injuste car les autres sourds EUX rataient 30 minutes de classe le matin pour aller chez l’orthophoniste (de 8h30 à 9h) alors que MOI je devais SACRIFIER 30 minutes de jeu.
    Avec le recul, je me rends compte, que ça s’est avéré payant car je parle pas si mal, j’ai fait des putains d’études, j’ai un boulot… enfin bref ….
    C’est jamais drole n’empeche de pas etre comme les autres….
    On donnerait cher pour etre dans la normalité nan?

  3. Très beau témoignage ! Je m’y retrouve complètement !!! Je n’ai pas eu l’ambulance mais le coup du taxi, des moqueries, des « têtes de turc » comme amis, des heures interminables d’orthophonie et de soutien…
    Pas fâchée d’être adulte presque pleinement autonome ! 😉

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