Retour aux sources

Coucher de soleil sur les Marais vendéens avec au premier plan la barrière d'un pont

Ma journée avait mal commencé mais elle s’est bien terminée.

Je suis allée voir ma grand-mère en Vendée. J’avais peur qu’elle ne me reconnaisse pas, non pas à cause de son grand âge (93 ans) mais à cause d’ ahlzeimer. Je m’étais préparée à cette éventualité. 3 ans que je ne l’avais pas vue.

J’ai eu l’immense chance, oui, je le reconnais, j’ai eu cette chance qu’elle me reconnaisse, qu’elle me prenne dans ses bras malgré le covid, qu’elle me bisoute comme elle le faisait quand j’étais enfant, ces bisous que je n’aimais pas quand j’étais petite.

Là, je les ai savourés. ❤️

Ça faisait tellement longtemps que je voulais la voir.

J’ai passé un moment très chouette, un moment où on a parlé, ri, ce fut fugace mais intense.

Demain, ça sera peut être différent.

Peut-être qu’elle ne me reconnaîtra pas.

Peut-être qu’elle aura oublié ces petits macarons qui viennent de Paris, avec la Tour Eiffel.

Peut-être qu’elle me reconnaîtra.

Peut-être qu’elle aura perdu la boîte des macarons.

C’est là qu’on se rend compte de la puissance du moment présent.

Je ne regrette pas de m’être écoutée et d’avoir fait ce que je voulais.

Ce soir, j’ai aussi revu les marais de mon enfance avec un coucher de soleil en prime, ce pont, écouter les bruissements de ces peupliers plantés par mon grand-père, les fleurs au bord des marais, les poissons qui sautent hors de l’eau, les chevaux, les champs de maïs, les bottes de foin, ce terrain qui change au fil des années mais toujours cette maisonnette debout au milieu des marais. 💚

Écoutez à travers mes implants cochléaires

Assise sur un siège sur le quai du rer. Je dégaine mon téléphone pour écrire ce que je ressens, ce que je vis. Essayer de prendre du recul, c’est pas si facile alors que je le voudrais tellement.

Entendre tous les détails que vous pouvez pas imaginer. Essayer de les identifier. Ce que je fais à chaque fois que je sors de chez moi. Je trouve cet exercice fatiguant à force, surtout qu’il est malgré moi.

Je ne peux pas m’empêcher d’écouter, d’être à l’affût de tout ce qui m’entoure dans ce monde sonore.

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Mettre du piment dans ma vie sonore !

Deux implants cochleaires Nucleus 7 face à face formant un cœur au centre de la photo

J’ai eu droit au renouvellement des processeurs d’implant cochléaire après 5 ans de port intensif. J’attendais beaucoup de ce changement, j’étais stressée et excitée à la fois. De la nouveauté de quoi mettre du piment dans ma vie sonore ! 

Stressée parce que je ne savais pas comment ça  allait se passer même si je garde un souvenir assez vif de l’activation de mes implants. Excitée à cause de la nouveauté technique, j’ai toujours eu un faible pour les dernières nouveautés.

Puissance

Tout d’abord, un processeur plus puissant dans le traitement du son. Rien qu’en gardant le même réglage, je me suis rendue compte de la différence du son que j’entends. 

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On est faits pour s’entendre

Pascal Elbé, le héros est dans les bras de son amoureuse, Sandrine Kimberlain. Ils sourient tous les deux

J’ai été voir le film « On est faits pour s’entendre » au cinéma vendredi soir en version française sous-titrée. (VfST)

Résumé du film

Antoine semble n’écouter rien ni personne : ses élèves (qui lui réclament plus d’attention), ses collègues (qui n’aiment pas son manque de concentration), ses amours (qui lui reprochent son manque d’empathie) … Et pour cause : Antoine est encore jeune mais a perdu beaucoup d’audition. Sa nouvelle voisine Claire, venue s’installer temporairement chez sa sœur avec sa fille après la perte de son mari, rêve de calme et de tranquillité. Pas d’un voisin aussi bruyant qu’Antoine, avec sa musique à fond et son réveil qui sonne sans fin. Et pourtant, Claire et Antoine sont faits pour s’entendre !

Mon avis

Ce film parle de surdité, de malentendance plus exactement. Pascal Elbé, le héros du film mais aussi le réalisateur du film est devenu malentendant comme il le dit. 

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5 ans de bi-implantation cochléaire, qu’est-ce que ça donne ?

Sophie, bébé joufflu à un an dans une robe avec un sourire aux lèvres. Les mains sur un tronc d'arbre pour se tenir en équilibre. La photo est un peu passée en couleurs.

Pour rappel : je suis sourde de naissance, appareillée à 6 mois et bi-implantée à 39 ans.

Je ne peux pas oublier cette date anniversaire, le 17 novembre 2016. C’est le premier jour du reste de ma nouvelle vie auditive : #newSophie. 

Et quel démarrage, j’ai envie de dire ! 

La période 2019/2020 a été compliquée entre la dépression (ce n’est pas ma bi-implantation qui l’a déclenchée) et la pandémie Covid. Je veux exposer ici un petit bilan « synthétique » de ce qui s’est passé au niveau sonore. Il y a peut être répétition avec les billets qui ont été postés depuis l’opération.

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Revivre une nouvelle hospitalisation en période de covid

Ce matin, j’ai l’estomac noué. Je sais que je devrais pas être inquiète mais voilà c’est comme ça.

Je repasse sur la table d’opération demain. J’ai demandé à ce qu’on me retire cette plaque qui est dans mon poignet. Elle me me tient compagnie depuis mars 2020. Elle me rappelle ce mauvais moment, elle me fait souffrir au quotidien, mes doigts se rappellent à tout moment qu’elle est là. Il est temps de tourner la page.

Mélange de sentiments, difficile de les décrire. Je sais que je ne devrais pas, que je devrais avoir confiance. Avec tout ce qui s’est passé avec la pandémie, j’ai perdu un peu plus mon insouciance et ma confiance.

C’était il y a un peu plus d’un an, je suis tombée à vélo et j’ai été hospitalisée en pleine pandémie.

La gestion du masque avait été surprenante à ce moment-là. Depuis un peu plus d’un mois, je re-fréquente les hôpitaux… et les masques. Oui, ils sont toujours là quoiqu’on en dise.

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Sourds et heureux

Sourds et heureux, un article paru dans Santé Magazine d’Octobre 2021. Un article rédigé par Ana Boyrie. Je ne retranscris que ma partie afin de rendre accessible le contenu mais je ne devrais pas car le droit d’auteur ne permet pas de reproduire tout un article, on a simplement le droit de faire des citations.

N’ayant pas eu de réponses de la journaliste, je le publie ici en attendant.

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Sound of Metal

Musicien concentré sur sa batterie en plein concert

J’étais à l’avant-première du film « Sound of Metal » au Majestic Bastille hier soir. C’est l’histoire d’un batteur de métal, toxicomane, qui perd l’audition brutalement. Je vous en dis pas plus sur l’histoire du film. 🙂

Voici le résumé d’Allociné : « Ruben et Lou, ensemble à la ville comme à la scène, sillonnent les Etats-Unis entre deux concerts. Un soir, Ruben est gêné par des acouphènes, et un médecin lui annonce qu’il sera bientôt sourd… »

Le film a eu 6 nominations aux oscars dont « meilleur film » et « meilleur acteur » !

Facade du cinéma, Cinéma Majestic Bastille en néon jaune avec un fond rouge et le ciel bleu en arrière plan.
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Clap de fin pour Pixel le chat chien

Détail de l'oeil de Pixel, avec le contour de sa tête avec les poils

[29 avril 2018 / 6 avril 2021 ]

C’était un matin un peu spécial. Je me suis levée, Pixel ronronnait. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fait ça.

Nous sommes allés prendre le petit déjeuner, du steak haché pour lui, un cacao et des tartines beurrées pour moi.

Les médicaments étaient devenus un rituel depuis un peu moins d’un mois.

J’avais ouvert la fenêtre de la cuisine pour qu’il puisse regarder par la fenêtre et grogner après les oiseaux qui venaient le narguer, comme tous les matins. Ce matin, c’était particulier, voilà 3 semaines qu’il n’avait pas grogné en montrant ses moustaches et ses canines aiguisées. Il faisait froid, j’avais mis un gilet par dessus mes vêtements pour pouvoir partager ce moment avec lui.

Pendant que je me préparais, je l’ai sorti sur le balcon.

J’ai vu que ce n’était pas comme d’habitude. Je l’ai fait rentrer mais il est rentré assez vite parce que il faisait frais. J’ai tout de suite vu qu’il y avait un problème avec ses pattes arrière. J’ai compris d’un seul coup mais j’ai gardé mon calme pour qu’il ne panique pas. 

Un petit coup de fil en urgence à la vétérinaire qui venait d’ouvrir son cabinet, entre-temps, j’ai sorti sa caisse de transport. Les gars l’ont installé tranquillement, il était calme et nous sommes partis en voiture. Il n’était pas question de lui faire subir un trajet à vélo avec tout le vent qu’il y avait. 

À notre arrivée, elle nous attendait avec son équipe. Elle finissait une consultation. Un chien est sorti de son bureau, Pixel n’a pas réagi alors que sa caisse de transport était ouverte. Je l’avais ouverte quand on est arrivés dans son cabinet. Je me foutais de savoir s’il y avait une personne ou pas. Le confort de mon chat primait sur tout le reste. L’équipe vétérinaire a fermé la porte du cabinet une fois le patient sorti pour que nous puissions être au calme tous ensemble avec Pixel pour ces derniers instants. Un moment douloureux, mais j’ai pu lui dire tout ce que je voulais et le laisser partir le moment venu.

Pixel a fait une embolie hier matin. Il n’a pas souffert. 
Il est parti dans mes bras, avec toute notre tendresse.
Oui, la vie est injuste. 
Oui, il était jeune, il n’avait pas eu encore 3 ans. 
Non, on ne pouvait pas le sauver mais oui on lui a donné le meilleur de nous même et on peut être fiers de nous. 

On était faits pour se rencontrer. ❤️

Ces 24 dernières heures ont été heureuses, ronrons, câlins, caresses et steak haché à volonté. Il nous manquera terriblement à tous les trois. 


24h après son départ, je me rends compte que la maison est terriblement vide. Après 2 confinements complets et l’été entier à être ensemble jour et nuit, je me rends compte qu’il était très présent en fait. Il avait une présence rassurante.

Présence rassurante à tel point qu’il entendait quand notre fils rentrait du collège et qu’il avait pas encore mis la clé dans la porte qu’il réagissait de manière à me montrer que quelqu’un arrive. Il avait l’ouïe très fine, ça tombe bien, il a compensé ce que j’entendais pas. Il avait compris en quelque sorte que je n’entendais pas et il compensait par la présence, le mouvement ou les ronrons qui n’étaient jamais très fort mais très tactiles.

Chaque mouvement, je me surprends à me dire « Tiens où es-tu ? », je le cherche comme lui il me cherchait quand je m’absentais pour faire les courses. Je vois ses affaires qui sont encore là, je ne me résous pas encore à les retirer mais il va falloir le faire le moment venu. Sa litière est encore là, ses jouets sont restés en place, ses coussins sont toujours aux emplacements clés de l’appartement. Sa fontaine à eau est encore branchée. Je n’ai pas le courage de la débrancher. J’ai juste eu assez de courage pour le laisser partir le moment venu. Tout est resté sur place.

Les larmes coulent, elles coulent à chaque pensée.
Et oui, il me manque déjà terriblement.

Jamy Gourmaud a évoqué que les chats auraient 7 vies. Son Nitro en a commencé une nouvelle.

On dit que les chats ont 7 vies, est-ce que Pixel a commencé une nouvelle vie ? Je ne sais pas. C’est une jolie croyance.

Pixel, a cat that behaves like a dog

Pattes de chat sur la rambarde du balcon

ou encore « Pixel, the cat dog »

Je n’avais pas encore écrit ici sur mon/notre chat, ou du moins pas donné de nouvelles depuis le 2 novembre 2020. La semaine dernière, notre chat nous a fait une frayeur. Je dis « mon » parce qu’ici c’est mon espace, et c’est moi qui lui donne ses médicaments, sa patée, qui l’emmène à tous les rendez-vous excepté celui des urgences où j’ai embarqué le conjoint à cause du masque et des émotions.

Mercredi 10 mars – 12h.

L’état de Pixel s’est dégradé vite. Avoir un rendez-vous chez le vétérinaire le soir même à 19h. Au diable le couvre-feu ! Notre chat d’abord ! Je suis rentrée à 20h à vélo sous la pluie avec lui avec la tête pleine d’inquiétudes.

Mercredi 10 mars – 22h30.

On le voit se traîner, ne plus arriver à respirer, tenter de récupérer sa respiration. Nous sommes perplexes, inquiets parce qu’un état de santé qui se dégrade aussi vite, il y a de quoi s’inquiéter surtout quand c’est un chat qui pourtant s’exprime beaucoup, mange avec gourmandise … 

Mercredi 10 mars – 23h30.

Direction les urgences vétérinaires de Levallois-Perret, tant pis pour le couvre-feu. Attestation remplie avec la case médicale. Pixel a été pris en charge très très vite, et heureusement, ils l’ont placé tout de suite dans une cage à oxygène, pour le stabiliser. Ils lui ont fait toute une batterie d’examens (radio, échographie cardiaque, etc. pendant son hospitalisation qui a duré 3 jours quand même.

L’absence

La maison était bien vide sans lui, ne pas l’avoir dans les jambes, ne pas l’entendre miauler pour parler avec nous, ne pas ouvrir la fenêtre à la demande… on a bien ressenti qu’il n’était pas là. Sa présence, on s’y est bien habitués surtout depuis le premier confinement.

Vendredi 12 mars – 16h.

Un coup de fil rassurant du cabinet vétérinaire qui nous dit que son état est stabilisé et qu’il a eu une échographie cardiaque, nous avons la possibilité de le ramener à la maison.

Vendredi 12 mars – 20h.

À notre arrivée, voir notre chat nous a réjoui mais la joie a été de courte durée. Le vétérinaire n’y a pas été par 36 chemins. Pixel a une maladie cardiaque grave pour son jeune âge et il n’y a pas de traitement. 

Nous ne pouvons que lui donner une meilleure qualité de vie, l’adoucir du mieux que nous pouvons. Ses jours sont comptés. Combien de temps il sera là avec nous ? Personne ne le sait. 
C’est injuste mais c’est comme ça. 

Lundi 15 mars – 19h.

Départ à vélo chez le vétérinaire avec la caisse de Pixel sur le rack de devant. Le sac i*ea est là pour limiter le vent, car les chats n’aiment pas le vent.
Pixel n’était pas très rassuré pendant le voyage qui a duré 15 minutes, j’ai pris mon temps, j’ai fait attention aux ralentisseurs, il a bien aimé je crois. Sentir la moustache voler, coller sa tête pour voir la route et sentir les odeurs du dehors à toute vitesse… Rendez-vous chez le vétérinaire pour vérifier que le traitement est bien supporté et une petite prise de sang, parce que sinon c’est pas drôle. (on en a profité pour vérifier le potassium)

Jeudi 18 mars

Ce matin, il est allé prendre l’air sur le balcon après avoir pris ses médicaments et sa pâtée. La petite promenade sur la rambarde du balcon ca l’a bien fatigué mais il aime ça, surveiller les pies qui viennent le narguer alors qu’il ne peut pas les attraper. Surveiller les moineaux, les écureuils qui passent. Il a beaucoup dormi. Mais surtout, j’avais réduit la dose du médicament sur conseil du vétérinaire, et à 11h je l’ai retrouvé à plat à côté de moi avec la respiration rapide, je n’ai pas tardé à le soulager, je lui ai redonné la moitié que j’avais enlevée le matin même.
Après cette angoisse, il a dormi une grosse partie de la journée, sorti un petit peu mettre la truffe dans l’herbe en bas de l’immeuble parce que quand même ca fait un peu de bien de sortir pour se dégourdir les jambes (et les pattes).
Petit appétit quand même, par contre, je ne l’ai pas vu boire de l’eau de la journée… J’ai fini par lui donner la patée petit à petit, il l’a mangée. C’est bien. Ce soir, c’est plutôt calme.

Pixel en train de se dégourdir les pattes dans le jardin

J’ai donc fait un compte instagram sur lequel je donne des nouvelles tous les jours, car la situation évolue de jour en jour. Je reprendrai les nouvelles sur un nouveau billet.

Je vais essayer de reprendre la plume, parce que avec toutes ces émotions, il y a un besoin d’expression aussi bien triste que joyeuse… Et je voulais partager ça avec vous.