J’avais un rêve, Paris Web l’a fait

Pardon d’avance si j’ai oublié des personnes, je les remercie chaleureusement.

Le streaming de 2010

 

Cela faisait déjà 2 ans que ma moitié y allait sans moi, frustration de le voir partir le matin, et le voir rentrer le soir avec la banane aux lèvres, et me dire intérieurement : « et moi ? »
En 2010, j’ai appris bien trop tard qu’il y aurait de la vélotypie à Paris Web. Il n’était pas concevable pour ma part d’aller à Paris Web en payant le prix fort, d’autant plus que je n’avais pas les moyens à ce moment-là (parfois, il faut faire des sacrifices)

J’ai donc suivi l’édition 2010 via internet grâce au streaming et à la vélotypie retransmise en direct également. J’en garde un excellent souvenir (mon fauteuil aussi). Je travaillais à la maison à cette époque-là. J’ai finalement posé ma question sur le twitter de Paris Web, en demandant si la prochaine édition serait sous-titrée. Ma moitié a vu mon tweet passer sur l’écran, a demandé à prendre la parole et a posé ma question.

Une chose était certaine à ce moment-là : l’équipe de Paris Web a dit qu’elle allait essayer de tout faire pour renouveler cet exploit de vélotypie et voir comment avoir des interprètes LSF.

Début 2011, je me remets en question, à savoir si je devais changer de métier, changer de voie, puisque je n’arrivais plus à trouver du travail.
Était-ce la faute à mon handicap, la faute à ma motivation, ma confiance qui était au niveau zéro depuis quelques temps.

Les apéroweb

Lors d’un apéroweb (merci à V-Lentz sans qui cela n’existerait pas, cependant j’ai une réclamation : mais pourquoi le lundi et pas le vendredi ?!?), ma moitié met au défi les quelques personnes présentes de me proposer du boulot, de dire que c’est pas le handicap qui prime mais les compétences.

C’est chose faite.

J’ai rendez-vous pour un boulot, j’accepte avec appréhension, la peur au ventre de ne pas y arriver, de ne pas être à la hauteur des attentes.
Durant quelques mois, je me remets à faire du css, du SPIP.
Merci à Cym de m’avoir fait confiance.
Merci aux spipeurs du chan #SPIP, j’ai appris plein de choses et j’y reviendrai 🙂

En Mai, @Sebcbien me confirme qu’il y aura de la vélotypie et des interprètes pour l’édition 2011.
Je trépigne de joie … mais aussi de peur, de rencontrer ces personnes que je ne connais qu’à travers un écran virtuel, avec qui j’ai échangé des mots peut-être parfois un peu « directs » pour certains, mais un réel échange s’est noué. Il m’est plus facile de communiquer par l’écrit que par l’oral quand je ne connais pas la personne.

Devenir Oratrice

 

Arrive l’atelier des orateurs « Maman j’ai peur je ne veux pas y aller » pour se préparer à être orateur, je me décide à la dernière minute à y aller. Je me dis que cela ne peut pas me faire de mal et me donner un aperçu de ce que ca pourrait être. J’y vais. Moment difficile, vaincre sa timidité, prendre sur soi, avoir confiance, il y a eu des grands moments de solitude, être contente mais ne pas arriver à parler, à aller vers les gens pour échanger … Finalement, ce fut enrichissant même si je suis restée discrète. Merci à @Nissone et @Cheekfille pour vos encouragements.

L’appel aux orateurs arrive, je me dis que oui après tout je peux tenter ma chance moi aussi, et que je verrai bien ce que cela donnera … Après tout, ma proposition pouvait très bien ne pas être retenue. Et auquel cas, j’étais sauvée si ce n’était pas retenu. Oui je sais, je suis un peu folle sur les bords.

Fin juin, la réponse tombe. Ma présentation a été retenue. La pression monte d’un cran. Je me prépare mentalement, je finis visiblement la première mes slides et mets la pression à tout le monde. Pardon Stéphane, c’était pas voulu !

En août, c’est les vacances, je m’arrange pour pouvoir faire une présentation d' »entrainement« .
Merci à vous d’avoir rendu cela possible, ça aide beaucoup.

Les 3 jours à Paris Web

 

Soirée Orateurs, la pression monte d’un cran, je comprends difficilement les personnes faute de calme, saluer entre autres les personnes qu’on a « croisées » par-ci, par-là, sur twitter, un peu partout … Ça fait bizarre… 🙂

Vient le jour J, la peur au ventre, de ne pas y arriver, d’être nulle, de faire un fiasco. L’ambiance dès l’arrivée est chaleureuse, on s’y sent comme chez soi.
L’équipe toujours là pour avoir le petit mot qui fait plaisir, qui rassure ou tout simplement le regard.
Je me suis dit que j’étais dans un rêve et je n’y croyais pas.
Une fois ma présentation terminée j’ai commencé à réaliser que c’était arrivé.
Que je n’étais pas dans un rêve mais que c’était bien réel.

J’assiste aux conférences, je savoure avec la vélotypie (la langue des signes moins pour ma part mais c’est un support qui peut aider parfois quand il y a vraiment besoin ou quand il y a pas de vélotypie ce qui était le cas dans le petit amphi). J’alternais entre l’interprète LSF et l’orateur quand il était bien audible. (oui, il y a certains orateurs qui articulent vraiment ! je ne citerai personne pour pas faire de jaloux)
Vient la soirée de l’apéro communautaire, ambiance détendue, c’était chouette. J’étais bien même si parfois j’arrivais plus à comprendre parce que la fatigue était là, et mon cerveau arrivait plus à fournir, trop d’infos à emmagasiner en si peu de temps. C’est pire que du lait concentré. si, si, overdose.

3 mojitos. Merci à @tetue pour le dernier mojito. Il m’a emmené au pays des bisounours.

Retour à la maison, les larmes de fatigue, de joie, coulent de réaliser que c’est vraiment arrivé et que putain (pardon maman pour la vulgarité), que oui moi aussi je sais faire quelque chose dans le web, et que je peux assurer (les personnes qui m’ont employées pourront me le confirmer enfin j’espère ! y’a que les personnes modestes qui sont de véritables experts. Merci Nico.).

2ème jour, pareil. Que du bonheur. Que du #sharethelove. Etre entourée de gens qui comprennent ce que tu fais, qui parlent « ta langue ».

Vient le 3ème jour (promis y’a pas 7 jours !), les ateliers c’est un peu plus dur, car plus de vélotypie, plus d’interprètes. Mais, mais… pour faire durer le plaisir d’avoir assisté à ces trucs, je choisis avec soin les personnes que je peux suivre.
Me montrer à chaque atelier en disant : « steupléé m’oublie pas, articule !!  »
Oui, même Denis Boudreau avec son accent québécois.
J’ai pris le risque, et j’ai savouré encore plus !

 

Cocotte Aujourd’hui, ça fait 3 jours que Paris Web est terminé, mais grâce à vous tous, ça dure encore un peu grâce aux sublimes photos que vous avez faites, grâce aux cocottes en papier (y’a un concours qui se prépare), et grâce à la gentillesse et générosité des gens que j’ai rencontrés, je crois que je vais continuer dans le web encore un peu … peut-être m’orienter davantage vers l’accessibilité si j’arrive pas à faire du code et du spip. Mais au moins faire quelque chose d’utile et productif.

J’ai peut-être encore des choses à dire, mais pour l’instant c’est ce que mon cœur m’a dicté. Et la larme à l’œil est pas loin…

Merci à vous.

#sharethelove
J’avais un rêve, vous l’avez réalisé.

S’intégrer dans une équipe

Un nouvel épisode, écrit à chaud pour que toi, lecteur entendant puisse comprendre mes émotions.

ça fait plusieurs fois que ça se produit, je ne vise personne en particulier.

Être au sein d’une équipe/groupe, c’est super car il y a des échanges, des réflexions, et surtout je ne suis plus seule. Que du positif.

Oui mais non, c’est à double tranchant.

Double tranchant pourquoi ? Parce que tu veux faire bonne impression d’une part, et d’autre part il faut ré-expliquer ton handicap.

C’est pas toujours chose aisée.

La surdité c’est plus compliqué que ça.

Suffit pas de parler plus fort (entre nous, ça me sert à rien),
Suffit pas de se rapprocher de moi et baisser la tête vers le bas (c’est pire parce que je dois « descendre » physiquement pour être à ton niveau),
Suffit pas de ne pas bouger le corps, mais dodeliner de la tête, ça aide pas non plus… (j’essaie de faire avec mais des fois avec la fatigue je laisse tomber),

Lecteur entendant, si tu n’articules pas, que tu me regardes pas, je peux pas comprendre ce que tu me dis.
Pardon si je pète un cable, mais j’ai beau faire des efforts, mais parfois c’est sur-humain ce que tu me demandes.

Ne pas comprendre une conversation « ping-pong » ça arrive souvent, oui parce que ça va très vite, et moi le temps que je comprenne…

C’est à retardement, c’est très chiant d’arriver après.
Mais surtout c’est nul d’avoir un train voire un wagon de retard dans la conversation : j’ai l’air con au final, et j’aime pas ça.

S’informer dans les transports

Prendre les transports pourrait être un geste quotidien, voire anodin pour toute personne habitant en île-de-france.

Un beau matin sous un temps lourd, un RER arrive à votre station, quasiment vide, vous vous dites : « chouette, je vais pas voyager comme une sardine« .

Jusque là tout va bien, me direz-vous.

Oui, mais… à une station de l’arrivée, par chance, tu as le droit à un message vocal de la part du conducteur RATP.
Et, crounch-crounch dans le micro.
Je lève la tête, cherchant à comprendre : un torrent de personnes qui se sont engouffrées dans le RER. Continuer la lecture de « S’informer dans les transports »

Déjeuner en groupe

Allez, un nouvel épisode !
Seront répertoriées ici les situations vécues auxquelles je peux être confrontée. Mais je ne vise personne de particulier, cela a pour but de montrer les problèmes quotidiens.

On me propose de venir déjeuner avec 3 personnes bien entendantes qui sont au courant de ma surdité (en temps de travail tout va bien), qu’il faut me regarder ou du bien articuler sans pour autant me regarder tout le temps, ben oui, on ne va pas monopoliser toute l’attention non plus 🙂

Le déjeuner commence, la conversation commence à s’enflammer au vu de l’actualité actuelle, c’est chauuuUUUd ! Vaine tentative à faire répéter l’un, je me ravise en me disant que je vais attendre un peu, histoire que la conversation se calme, mais … c’est pas le cas, alors je tente un « parlez pas tous en même temps » … qui lui passe quasiment inaperçu dans la conversation animée. Continuer la lecture de « Déjeuner en groupe »

Assister à une réunion

Je vais commencer par planter le décor, je suis sourde oraliste avec une bonne lecture labiale.
Le français est ma langue maternelle, la langue des signes est une langue que je connais depuis l’adolescence, et que j’utilise ponctuellement.

Ces petits billets auront pour vocation de vous montrer la réalité des choses qui peuvent ne pas être faciles en tant que personne handicapée.

Tout n’est pas si accessible !

J’ai été, il y a peu conviée a une réunion de travail par une association, dans le but de faire avancer les choses au niveau de l’accessibilité. J’y suis allée avec beaucoup d’enthousiasme, mais …
J’ai découvert avec stupeur sur place, qu’il y avait plus de 20 interlocuteurs (entendants pour la plupart), et surtout aucune retranscription écrite des échanges oraux faits. Difficile de suivre.

Imaginez-vous à une réunion de travail de cette ampleur, mais on vous coupe la lumière (qui est absolument nécessaire à votre bien-être – salle très sombre par exemple), auriez-vous fait la réunion ?

Au retour, vous reprenez les transports en commun, mais ….
Il y a une annonce vocale, vous savez pas ce qu’il se passe, vous continuez votre chemin sans savoir si vous allez arriver a destination, si c’est juste une annonce vocale disant de faire attention aux pickpockets, ou juste que votre train s’arrête pas a votre station préférée.

C’est pas un poil chiant ?

Est-ce que cela vous plaît ? Je continue ?